Une contribution de Saadeddine Kouidri – L’élection de Trump ou l’illusion consommée
L’élection de Donald Trump comme président étatsunien n’est en fait que légitime. C’est un riche dans un pays capitaliste. Le candidat s’est présenté en tant que patron, contrairement à Clinton, qui n’est, elle, qu’une représentante avérée et non déclarée de Wall Street, et en sus on dit qu’elle est endettée ! Quand on sait que la plupart des candidats à la Maison-Blanche n’étaient que des représentants d’une des franges de la société, on se demande d’où vient cet étonnement de certains sur une élection aussi légitime que celle d’un patron dans un pays capitaliste. Cette surprise est la conséquence d’une illusion longtemps et largement entretenue jusqu’à tromper non seulement les peuples, mais aussi une grande partie de ses propres promoteurs et qui prouve son efficacité. Cette illusion fait croire que la démocratie bourgeoise permet l’élection de n’importe quel citoyen, y compris un citoyen démuni de richesse, un pauvre, tout en sachant que la campagne électorale à elle seule coûte une fortune.
Cette illusion, ancrée chez la majorité des citoyens, permet le passage à la normale de n’importe quel candidat et, lors de nouveaux dangers, donne la priorité au plus riche y compris aux yeux des plus démunis, des plus pauvres. Cette illusion, ancrée aujourd’hui chez la majorité des citoyens, y compris chez les plus pauvres, permet le passage à la normale de n’importe quel candidat. Le représentant du capital devient non seulement un candidat normal, contrairement au passé, mais le candidat propice pour représenter au mieux le système politique, puisqu’il en est le principal agent. Il est donc logique qu’à un moment surgisse la vérité au grand jour et pose la question opportune : pourquoi seulement aujourd’hui, sachant que la crise du capitalisme annoncée par Marx remonte à plus d’un siècle ?
Les Etats-Unis ont dorénavant un concurrent puissant et qui prend de plus en plus d’envergure dans le commerce mondial. La Chine est ce concurrent commercial de premier ordre, comme l’était l’ex-URSS en politique.
Il faut rappeler que la fabrication de l’illusion était, depuis des lustres, confiée à une usine qu’on appelle communément Hollywood. Ses films sont à l’affiche dans la majorité des salles de cinéma dans le monde, ils sont aussi repris sur d’autres supports, comme le DVD, diffusés partout par les médias grâce aux satellites qui complètent le discours dominant par des séries qu’encadrent les infos non-stop pour endormir les consciences, suivies de publicité des produits à la consommation. Un des exemples de produit fabriqué par cette usine est dans ces films et ses remakes sur l’armée étatsunienne livrant les guerres au Viêt-Nam, en Irak et dans le monde dans le but de libérer des peuples.
Cette fiction n’est pas un produit anodin, mais un gros mensonge qui a été graduellement éventré en premier par la victoire des Vietnamiens, et à leur tête l’oncle Ho, et s’est enlisé avec l’Irak et dans le monde arabe. La péremption du produit, après tant de décennies, oblige aujourd’hui la puissance du monde impérialiste à sortir sa véritable image au grand jour. Cette image est celle de Donald Trump pour continuer la politique de son Sénat, celle de la violence dans le tiers-monde et dans les océans, qu’il adaptera en premier à ses intérêts, à ceux du groupe qui l’a porté au pouvoir, qui ne s’arrêtera qu’à la porte d’Israël. Il faut rappeler que Jérusalem est la ville sainte de plus de 70 millions d’évangélistes étatsuniens qui ont le plus fort lobby au Sénat.
L’autre importante usine de l’illusion après Hollywood est la Sociale Démocratie européenne qui veut faire croire qu’elle peut gouverner un pays capitaliste tout en étant contre les patrons.
Le monde s’est vite aperçu comment le candidat à la présidence française, qui avait promis de faire la guerre à la grande finance, a viré sa cuti une fois élu. Si Hollande s’est rapidement périmé, et ses électeurs français vite désillusionnés, il faut dire que cela n’a pas été le cas pour Mitterrand, par exemple. C’était en d’autres circonstances, quand le mensonge avait le vent en poupe. Aujourd’hui, la maturité de la conscience des peuples, nourrie dans la résistance et les luttes, est mieux partagée grâce aux réseaux sociaux sur internet et permet aux réalités actuelles de laisser entrevoir de plus en plus la vérité.
Lors des primaires de la droite en France, un quotidien du 18 novembre titrait : « Les hommes du patronat dans l’ombre de la primaire à droite » et il précisait que Juppé est adoubé par le patron des patrons, Pierre Gattaz. Cette information est la preuve la plus récente que les patrons ne surgissent pas dans la sphère politique par surprise, contrairement à ce qui se dit et s’écrit ces derniers jours. Ils sont programmés eux comme leurs généraux qui nous mènent les guerres. L’information peut laisser supposer que les autres candidats de la droite ne sont pas adoubés par des patrons et le message consiste dans tous les cas de figure à dire qu’à ce jour, les patrons ne sont pas encore programmés en France, ils n’iront pas au charbon tant que l’illusion hollywoodienne ou du moins celle de la Sociale Démocratie n’est toujours pas périmée.
Il y a plus fort que l’illusion hollywoodienne et plus fort que l’illusion de la Sociale Démocratie, c’est celle du politique qui prône le paradis.
Saadeddine Kouidri
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