Un journaliste d’Echorouk arrêté pour apologie de Daech sur Facebook
Le journaliste au quotidien arabophone algérien Echorouk, Abdelmounim Chitour, a été arrêté il y a deux jours par les services de sécurité, apprend-on de sources concordantes. Le journaliste et activiste est poursuivi pour apologie du terrorisme et notamment de l’organisation dite Etat islamique (Daech) sur les réseaux sociaux. Les mêmes sources ajoutent que, dans le cadre de ces investigations, les services de sécurité ont perquisitionné le domicile d’un autre ancien journaliste du quotidien arabophone algérien résidant au Qatar. Très actif sur les réseaux sociaux où il s’est spécialisé dans le prosélytisme intégriste, Abdelmounim Chitour avait, en 2015, franchi toutes les limites de l’éthique et de la déontologie journalistique, en exprimant sur sa page Facebook sa jubilation après l’exécution de l’otage jordanien par des terroristes de Daech, et dont les images avaient suscité une vague d’indignation, y compris dans les milieux religieux.
Ce journaliste a écrit sur son mur, pour justifier la méthode avec laquelle cet otage a été mis à mort par ses ravisseurs : «L’histoire se répète. L’imam Choukani a dit : Abou Bakr a brûlé à vif en présence des compagnons du Prophète Khalid Ibn Al-Walid, lui aussi, a brûlé avec le feu des apostats, de même qu’Ali, d’après le Livre des châtiments.» Et l’auteur d’instiller son commentaire vénéneux : «On a l’impression qu’Ibn Kathir (le chroniqueur, ndlr) parle des pilotes arabes apostats qui bombardent les musulmans en Irak et en Syrie. Dieu merci, vous avez assouvi notre rage contre les mécréants !» Un aperçu sur son mur nous renseigne que ce jeune journaliste, fraîchement sorti de l’Université des sciences islamiques Emir-Abdelkader de Constantine, n’était pas à son premier impair, puisqu’il avait déjà, entre autres, applaudi, en décembre dernier, la fatwa prononcée par l’obscurantiste Abdelfattah Hamadache contre l’écrivain Kamel Daoud, qu’il traitait, lui aussi, d’apostat, méritant la mort comme châtiment.
Tous les messages de cet extrémiste sont émaillés d’éloges aux symboles d’Al-Qaïda, comme Oussama Ben Laden qu’il auréole de la qualité de «héros combattant de l’islam». A voir l’assiduité et la nature des idées et des messages véhiculés, d’aucuns s’interrogeaient si ce travail de prosélytisme, assumé publiquement par le journaliste d’Echorouk, ne s’inscrivait pas dans un cadre plus organisé.
Ce quotidien a, à maintes fois, prouvé son allégeance à l’internationale islamiste, en soutenant ouvertement toutes les insurrections menées par les mouvements islamistes dans le monde arabe depuis 2011, puis en prenant position en faveur des Frères musulmans égyptiens, en se faisant le relais de Rached Ghanouchi, de Mohamed Morsi et du gouvernement turc d’Erdogan.
En Algérie, Echorouk s’est spécialisé dans la chasse aux sorcières et dans la promotion des porte-voix de l’obscurantisme religieux.
R. Mahmoudi
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