Tripoli : des combats poussent la population à se terrer
Des combats ont opposé, jeudi et vendredi à Tripoli, des milices pro-gouvernementales et un groupe «d’extrémistes» qui s’était installé dans une forêt entourant le complexe hôtelier Rixos, où est réfugié depuis la mi-octobre l’ex-chef du gouvernement de Tripoli, Khalifa Ghweil. On parle aussi de rivalités entre milices. Il y a d’un côté un groupe de milices islamistes dirigé idéologiquement et spirituellement par l’ex-mufti de Tripoli, El Sadek Al Ghiryani. On y trouve les Frères musulmans, le Choura de Benghazi, la milice Al-Mokatila, réputées proches d’Aqmi, et d’autres petits groupes.
Face à ces factions, une coalition de 13 milices, anti-islamistes ou islamistes modérées, soutenues par le ministère de l’Intérieur du Gouvernement d’union nationale (le GNA), soutenu par la communauté internationale. Des salafistes armés se sont rangés du côté des milices gouvernementales. Ces groupes armés avaient d’ailleurs la charge de protéger le gouvernement depuis son arrivée à Tripoli, fin mars dernier. Ces 13 milices accusent les groupes islamistes de vouloir mettre Tripoli sous leur autorité. C’est «une frappe préventive pour empêcher les islamistes de prendre la capitale», déclare un responsable à un quotidien libyen.
Intenses, les combats, durant lesquels des mortiers et des tirs de chars ont été utilisés, ont poussé la population à se terrer chez elle. D’autres sources soutiennent que des combats ont également eu lieu sur la base militaire qui se trouve à l’aéroport de Maitiga. Cela aurait poussé les autorités à expédier en urgence les avions civils à Misrata.
Selon les Nations unies, les combats ont fait au moins huit morts en 24 heures. Dans un communiqué publié vendredi sur un site web, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, a indiqué être en contact avec les camps rivaux pour mettre fin aux violences. Le même jour à Rome, le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a assuré qu’aucune option militaire étrangère n’était envisagée en Libye et que seule une solution diplomatique devrait permettre de pacifier le pays.
De passage jeudi à Alger, le sous-directeur et porte-parole du bureau presse et diplomatie publique pour le Proche-Orient au Département d’Etat, Paul Watzlavick, a saisi aussi l’occasion pour rappeler la position américaine sur la crise libyenne. Une position qui, a-t-il dit, est totalement alignée sur celle de l’ONU. Interrogé sur la récente visite effectuée en Russie par le général Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, pour solliciter l’aide militaire de Moscou, M. Watzlavick a déclaré n’avoir aucune information sur ce déplacement.
Paul Watzlavick a néanmoins reconnu que «les USA ont des contacts avec le général qui a vécu 20 ans dans ce pays». Il précisera cependant que «les USA ont des contacts avec tous les groupes présents en Libye» et «soutiennent le Gouvernement d’union nationale dirigé par Faiz Sarradj et les efforts déployés par le représentant spécial de l’ONU, Martin Kobler». Selon lui, «la concurrence internationale qui entoure la Libye n’est pas bénéfique pour régler la crise qui frappe ce pays».
Depuis le renversement par l’Otan en 2011 de Mouammar Kadhafi, des groupes armés s’affrontent pour le contrôle du territoire, empêchant les autorités reconnues par la communauté internationale de rétablir l’ordre dans le pays. Le gouvernement installé à Tobrouk et le général Haftar sont considérés comme les principaux obstacles au retour à la paix, car empêchant l’application de l’accord paix interlibyen conclu il y a plusieurs mois. Installé depuis le 30 mars, le Gouvernement d’union nationale, qui tente de rétablir l’autorité centrale, est également confronté aux terroristes de Daech basés à Syrte.
Khider Cherif
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