Processus d’Alger : Le Drian fait pression sur les Maliens
L’application de l’accord de paix d’Alger est la seule solution pour le Mali, a déclaré mardi Jean-Yves Le Drian, appelant l’ensemble des acteurs à faire pression pour accélérer le processus face à une situation sécuritaire toujours chaotique.
«Il n’y a pas d’autre sortie», a souligné le ministre français de la Défense lors d’une conférence de presse en marge du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, à Dakar. «Je constate que ça met du temps, je le regrette, je sens bien que le processus de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration, ndlr) traîne encore des réserves, il est nécessaire que l’ensemble des acteurs fassent pression, mettent les moyens, y compris les moyens politiques pour que ces accords soient respectés», a-t-il poursuivi.
Conclu en mai et juin 2015 entre le gouvernement malien, des mouvements armés et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’accord d’Alger prévoit entre autres la mise en place d’autorités intérimaires dans le nord, de patrouilles mixtes, et l’application du programme DDR des ex-rebelles.
Plus d’un an plus tard, sa mise en œuvre patine et la situation sécuritaire se dégrade, suscitant l’inquiétude de l’ONU et de l’Union européenne notamment. Car si l’opération française Serval lancée en janvier 2013 a permis de chasser en grande partie les groupes armés qui menaçaient à l’époque la capitale Bamako, ces derniers conservent toujours «un pouvoir de nuisance» et ont multiplié ces derniers mois les attaques à l’engin explosif contre les forces locales et internationales, notamment dans le nord.
A la question de savoir si le processus d’Alger répondait aux attentes du pays, le Premier ministre malien Mobido Keita a répondu : «La réponse est évidemment « oui ».» «Il y a malheureusement des groupes qui ont choisi de ne pas aller à la paix et qui s’attaquent régulièrement non seulement aux forces nationales, aux forces internationales.»
Fin novembre, une attaque au camion piégé, revendiquée par l’organisation Al-Mourabitoune, liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a visé l’aéroport de Gao, détruisant les bureaux de la mission de la paix de l’ONU situés à côté du terminal qui a dû être fermé. Dans la nuit de lundi à mardi, des combattants islamistes présumés ont attaqué une prison dans le centre du Mali et libéré tous les détenus.
«Nous ne sommes plus dans la situation de 2013», a souligné Jean-Yves Le Drian. «L’action qui a été menée et par Serval et par Barkhane a permis de porter des coups très importants à cette menace, mais il y a toujours des petits creusets qui ont amené les terroristes à agir d’une autre manière.»
Quelque 11 000 Casques bleus de la Minusma, la force de maintien de la paix de l’ONU, sont déployés au Mali aux côtés des forces françaises présentes dans le cadre de l’opération antiterroriste régionale «Barkhane» et des forces maliennes.
Le Mali est devenu l’un des théâtres les plus meurtriers pour l’ONU dont plus d’une centaine d’hommes ont été tués depuis juillet 2013. Seize soldats français ont été également tués depuis le déclenchement de «Serval». «L’armée française ne peut pas se permettre de perdre un soldat tous les trois mois», souligne-t-on à Paris.
La situation au Mali inquiète également Washington, qui agit en «deuxième rideau» dans la région, en apportant un soutien logistique et en matière de renseignement aux forces françaises. «Ce n’est pas tant le Nord-Mali qui nous préoccupe dans le court terme que la progression des violences vers le sud du pays», a dit à Reuters le vice-amiral Michael Franken, commandant adjoint pour les opérations militaires de l’Africom.
Le Mali doit accueillir à la mi-janvier le 27e Sommet Afrique-France à Bamako où sont attendus plusieurs dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement.
R. I.
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