La paix sociale à bas prix
Par Kamel Moulfi – La nouvelle année 2017 va commencer pour les élèves algériens – primaire, moyen et secondaire – et leurs enseignants, avec ce cadeau inattendu de Nouria Benghebrit, qui leur a offert une bonne semaine de vacances d’hiver en rabiot. Les syndicats ont vu dans cette volteface de la ministre une reculade, qui s’ajoute à celle du calendrier du baccalauréat et qui pourrait en annoncer d’autres, comme le retour à la fixation du seuil des cours, abandonné depuis deux ans.
Mais attention ! La prolongation des vacances ne signifie pas que 2017 est placée sous le signe du farniente. Au contraire, cette année est définie comme une année cruciale par le gouvernement. Si la complaisance continuera certainement de s’imposer aux autorités face aux revendications des uns et des autres, c’est parce que 2017 est l’année des élections législatives et locales et qu’elle ouvre la voie à l’échéance présidentielle qui va vite arriver. En plus, quand la paix sociale n’implique pas de dépenses directes, comme pour les vacances scolaires, cela ne coûte rien au pouvoir de donner satisfaction aux mécontents, quitte à désavouer ou, pire, jeter le discrédit sur l’autorité d’un «serviteur de l’Etat» quel que soit son rang, la solution extrême étant de l’éjecter de son poste.
La paix sociale à bas prix, voire sans frais, même pour un temps limité, pourrait être également procurée par les Verts s’ils réussissent un bon parcours au Gabon en Coupe d’Afrique des nations (14 janvier-5 février). Ce qui est espéré, c’est qu’ils remportent le trophée, l’ambiance d’euphorie qui s’ensuivra pourrait alors permettre à la tripartite, prévue en mars, de faire passer une ou deux pilules amères sans nuire au climat électoral des législatives d’avril. Sinon, il faudra trouver une autre «ficelle» pour réduire les tensions qui s’annoncent déjà et que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s’est efforcé de désamorcer en réaffirmant «la détermination des pouvoirs publics à maintenir la vocation sociale de l’Etat».
K. M.
Comment (7)
Les commentaires sont fermés.