Régularisation des migrants africains : la grande arnaque du roi Mohammed VI
La vaste opération de régularisation de migrants originaires du Sahel annoncée par le Makhzen à grands renforts de médias et de publicité au début de l’année, n’est finalement que de la poudre aux yeux. Le sort réservé par la police marocaine au millier de migrants ayant tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta le 1er janvier dernier prouve que le roi Mohammed VI n’a échafaudé cette énième escroquerie que dans le but de ravaler la façade lézardée de son royaume et faire passer son voisin de l’Est comme le dernier de la classe en matière d’accueil de migrants.
Le roi marocain escomptait sans doute aussi utiliser cette grossière canaillerie pour s’assurer le soutien des dirigeants des Etats de l’Afrique de l’Ouest le jour où l’Union africaine aura à débattre de la demande d’adhésion du Maroc. C’est raté. Et il ne s’est pas passé beaucoup de temps pour le monde se rende compte de sa supercherie.
Au lieu de leur tendre une main généreuse comme il le leur avait promis, Mohammed VI a envoyé sa police arrêter et menotter les centaines de Subsaharien refoulés par l’Espagne. Faisant preuve d’un rare excès de zèle, les autorités marocaines ont même fait savoir que le temps de la mansuétude était révolu. «Dorénavant, les auteurs de telles tentatives [d’immigration illégale] seront présentés devant les juridictions compétentes qui statueront selon le cas de l’expulsion en dehors du territoire du royaume à des peines plus lourdes, selon la gravité de leurs actes», a déclaré au début de la semaine le ministère marocain de l’Intérieur dans un communiqué.
D’ordinaire, les migrants subsahariens interceptés aux frontières de Ceuta ou Mellila sont embarqués puis refoulés vers le territoire algérien. Cela a toujours été, d’ailleurs, la solution préférée du Makhzen pour se débarrasser, ni vu ni connu, de «ses» migrants clandestins. Violent et agressif, le discours du ministre marocain de l’Intérieur tranche bien évidemment avec celui tenu une semaine plus tôt par le roi et au cours duquel il avait brossé une image idyllique du Maroc et promis une carte de résidence aux nombreux «frères» migrants subsahariens que le chômage et la misère avaient fait échouer «chez» lui. Dans son infinie mansuétude et face aux caméras de télévision, il avait même appelé à régulariser d’une traite 15 000 migrants subsahariens. A l’occasion, il s’était gargarisé d’avoir doté son pays d’une politique migratoire.
Le millier de migrants subsahariens qui se trouvent actuellement dans les geôles moyenâgeuses du Makhzen découvriront certainement très vite que le Maroc n’a rien de l’Eldorado promis, que le discours de Mohammed VI n’était rien d’autre qu’une vicieuse opération de propagande et que, surtout, la justice marocaine n’est ni indépendante et encore moins transparente. Cela tout comme la présomption d’innocence n’est aucunement respectée au Maroc, ainsi que le prouve, d’ailleurs, le jugement expéditif de septembre 2014 qui s’était soldé par l’expulsion d’une trentaine de migrants. Leur faute ? Ils ont été reconnu coupables d’avoir participé à une manifestation non autorisée alors qu’en réalité, ils réagissaient à l’assassinat de Charles Ndour, un Sénégalais en règle, poignardé le 29 août 2014 lors d’émeutes racistes.
Khider Cherif
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