Les aveux de Youssef Al-Qaradawi : «Le printemps arabe est d’essence islamiste»
Dans une interview «à cœur ouvert» à sa chaîne de prédilection Al-Jazeera, le prédicateur égypto-qatari Youssef Al-Qaradawi a avoué que «les insurrections des printemps arabes étaient d’essence islamique parce qu’elles revendiquaient la liberté, la dignité et la justice sociale, et c’est bien ce qu’enseigne l’islam», a-t-il clamé.
Dans le même sillage, il a réitéré son soutien au président turc, Recep Tayyip Erdogan, en louant ses qualités d’homme «de réflexion et d’expérience» et d’homme «ouvert sur les autres». Mais lorsque le journaliste lui faisait rappeler qu’Erdogan lui-même revendiquait la laïcité du système politique de son pays, le mufti des salafistes a trouvé la parade en disant que «si la laïcité permettait à la raison humaine de réfléchir, d’innover et de bénéficier des expériences des autres nations, sans s’opposer à la loi coranique, cela ne poserait aucun problème».
Interrogé sur la situation que traversent aujourd’hui les Frères musulmans égyptiens, Al-Qaradawi a commencé par dire qu’il ne soutenait pas automatiquement «tout ce que disaient ou faisaient» les Frères musulmans, d’abord parce qu’il n’en était pas un (sic), et qu’il avait soutenu, au départ, la candidature d’Abdelmoneime Abou Al-Fotouh. Il reproche au président déchu Mohamed Morsi d’avoir commis des erreurs qui, selon Al-Qaradawi, «lui ont été fatales». La première fut le maintien de Hichem Qandil à la tête du gouvernement, alors qu’il était «impopulaire». La seconde erreur, «c’est d’avoir fait continué à faire confiance à Abdefettah Al-Sissi, et de ne de pas avoir écouté Erdogan, qui l’avait prévenu quelques mois auparavant que le chef d’état-major complotait contre lui», regrette Al-Qaradawi.
Faisant la comparaison entre islamistes égyptiens et islamistes tunisiens, Youssef Al-Qaradawi dira que le chef de file du mouvement Ennahada tunisien, Rached Ghannouchi, était «un homme qui connaît la vie et le monde» et «a une capacité de communication et d’ouverture», ce qui l’a amené, d’après Al-Qaradawi, à ne pas vouloir assumer seul la présidence de l’Etat, «préférant la partager avec d’autres forces politiques».
R. Mahmoudi
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