Détenus sahraouis : la défense crie au scandale
Le procès en appel des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik, condamnés à de lourdes peines par une juridiction militaire marocaine, se poursuivait ce mardi à Rabat, un procès marqué par un manque d’organisation, selon des avocats. Selon Sophie Michez, avocate observatrice du barreau de Bruxelles, les interruptions discontinues rendent difficile la tenue du procès, soutenant qu’«il y a encore un manque d’organisation». «On laisse beaucoup de latitude aux avocats. Donc il faudrait un peu recadrer tout cela pour un peu avancer», a-t-elle affirmé.
Du côté de la défense, représentée notamment par le Français Joseph Breham, le procès est avant tout une affaire de droit international. «Puisque le Sahara Occidental est un territoire occupé, tel que cela a été reconnu par les Nations unies, les conventions de Genève s’appliquent : soit ils considèrent que nos clients sont des criminels de droit commun et, à ce moment-là, ils doivent appliquer le droit sahraoui, soit ils considèrent que nos clients sont des prisonniers politiques et, à ce moment-là, ils peuvent juger en droit marocain», a-t-il expliqué.
Le 27 juillet 2016, la Cour de cassation marocaine a annulé, sous la pression d’organisations internationales de défense de droits de l’Homme et de juristes militants, la condamnation injuste prononcée par un tribunal militaire à l’encontre des militants sahraouis. Lors d’une première audience en appel, la Chambre criminelle près l’annexe de la Cour Salé a reporté, le 26 décembre dernier, le procès à l’encontre des vingt-quatre militants et défenseurs des droits de l’Homme sahraouis, arrêtés dans le cadre du démantèlement par la force par les militaires marocains du camp de Gdeim Izik en novembre 2010.
Détenus depuis 2010, les prisonniers de Gdeim Izik exigent la poursuite et le jugement «des geôliers et des responsables des enlèvements, des détentions arbitraires, ainsi que les responsables de toutes les formes de tortures physiques et psychologiques dans des postes de police et de gendarmerie d’El-Aâyoune occupée, dans la prison locale Salé 2 et Salé 1 ainsi que dans la prison locale Aarjat».
Après 27 mois de détention préventive, les vingt-quatre militants sahraouis ont été condamnés par un tribunal militaire à de lourdes peines d’emprisonnement pour leur «implication dans le mouvement de protestation».
R. I.
Comment (4)