Québec : le rapatriement des corps des victimes algériennes attendra plusieurs jours
Les dépouilles mortelles des deux victimes de l’attentat contre la Grande Mosquée au Québec n’ont pas été remises à leurs familles respectives, à l’heure où nous mettons en ligne cet article. Elles sont gardées à la morgue pour des besoins d’enquête, apprenons-nous de source proche de la famille de Hassane Abdelkrim, originaire d’Adekar, dans la wilaya de Béjaïa. Selon nos informations, l’enquête risque de prendre encore plusieurs jours, ce qui va certainement retarder le rapatriement des corps en Algérie, où ils devraient être inhumés.
Agé de 41 ans, Abdelkrim Hassane, avait trois filles âgées de 10 ans, 8 ans et 15 mois. Informaticien, il est arrivé au Québec en 2010 avec sa petite famille, et a rapidement décroché un emploi. Il travaillait au gouvernement du Québec comme analyste-programmeur. Auparavant, il aurait travaillé pour une compagnie pharmaceutique en Algérie.
La deuxième victime algérienne de l’attentat, Khaled Belkacemi, est, lui, originaire d’Ighil Ali (80 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa). Agé de 60 ans, il était professeur en génie alimentaire à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, et chercheur affilié à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels.
Pour rappel, une attaque contre le Centre culturel islamique de Québec, lundi dernier peu avant 10 h, avait fait 6 morts et 8 blessés, dont certains se trouvent toujours dans un état grave. Une cinquantaine de personnes étaient présentes au moment du drame.
Les autorités avaient au début annoncé l’arrestation de deux suspects, avant d’en désigner un seul, décrit par la presse québécoise comme un «nationaliste» proche de l’extrême-droite et d’Israël. Agé de 27 ans et étudiant en sciences politiques à l’université Laval, proche de la mosquée, l’auteur du crime a été immédiatement arrêté et placé en garde à vue. Il est accusé de six meurtres prémédités et de cinq tentatives de meurtre. Si les enquêteurs parlent de «loup solitaire», de nombreux observateurs s’interrogent sur la recrudescence de l’insécurité et de l’hostilité envers les musulmans dans ce pays qui accueille une forte communauté algérienne.
Des milliers de personnes ont assisté lundi soir à la veillée organisée à côté de la principale mosquée de la capitale de la Belle Province. Des messages de paix ont été prononcés par des dignitaires religieux de la ville, avant que le Premier ministre, Justin Trudeau, ne rende hommage à une communauté encore sous le choc. «Les musulmans du Canada sont ici chez eux», a-t-il déclaré devant la foule.
Rabah A.
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