Inquiétant Sahel
Par Khider Cherif – La paix promise au Mali il y a deux ans tarde à se concrétiser. Plusieurs raisons peuvent expliquer le blocage que connaît actuellement le processus de paix âprement conduit en 2015 par le gouvernement algérien, chef de la médiation internationale. Au plan politique d’abord, le gouvernement malien autant que les groupes armés du nord-malien ne font plus preuve du même engouement pour aller de l’avant de l’application de l’accord dit «d’Alger».
Pour corser le tout, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et le groupe pro-gouvernemental de la plateforme ont tour à tour claqué la porte, la semaine dernière, des discussions organisées dans le cadre du comité de suivi de l’accord de paix. Ahmed Boutache, président du comité de suivi et chef de file de la médiation internationale, est d’ailleurs sur les nerfs depuis quelque temps. Il y a de quoi. Les signataires de l’accord de paix, dit-on, ne se parlent pratiquement plus et les décisions seraient prises sans consultation. Résultat : l’accord n’avance pas.
Sur le terrain, la situation sécuritaire n’est également guère reluisante. Si elles ont effectivement contribué à réduire les niveaux de violence, la Minusma et l’opération françaises Barkhane ont jusque là échoué à neutraliser les nombreux groupes terroristes qui pullulent dans le pays. Il ne se passe pratiquement plus une semaine sans que les Maliens ne subissent une attaque terroriste d’envergure. Ces six derniers mois, on assiste même à une recrudescence des actes de terrorisme.
Contrairement à ce que les gens pensent, le nord du Mali n’est pas la seule région à être concernée par l’insécurité. Même le centre et le sud du pays sombrent inexorablement dans le terrorisme, le grand banditisme et l’instabilité. Arnaud Danjean, eurodéputé français de centre droit, membre de la commission Affaires étrangères au Parlement européen, qui rentre tout juste du Mali où il s’est rendu pour les deux ans de la Mission civile de l’Union européenne au Mali (Eucap), ne cache d’ailleurs pas son inquiétude.
Face aux nombreux périls qui continuent à menacer la région, il vient d’ailleurs d’appeler la communauté internationale à se mobiliser. Située aux avant-postes, l’Algérie devrait assurément redoubler de vigilance face à cette inquiétante évolution de la situation. Mieux, il semble important qu’elle reprenne les choses en main, car si personne ne fait rien, c’est tout le Sahel qui risque de basculer encore une fois dans le chaos. Si cela devait se produire, nous serions bien évidemment aussi les premiers touchés.
K. C.
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