Catherine Constantinides : «L’admission du Maroc à l’Union africaine est une honte !»
Icône sud-africaine et militante des causes justes, Catherine Constantinides s’est élevée contre la récente admission du Maroc à l’Union africaine, qu’elle qualifie de «honte» pour l’organisation africaine, «étant donné que l’occupation du Sahara Occidental par ce pays se poursuit toujours», écrit-elle dans une contribution publiée cette semaine dans le journal en ligne Huffington Post South Africa. Dans cet article intitulé «En autorisant le Maroc à la rejoindre, l’Union africaine ignore la colonisation», Catherine Constantinides estime légitime de s’interroger sur «la réalité des liens entre le roi du Maroc et les pays africains qui ont voté en faveur de la réadmission de ce pays à l’UA», ajoute-t-elle.
Un peu plus loin dans l’article, l’auteur relativise son désappointement, en soutenant qu’«il est également utile de considérer la décision de l’Union africaine comme une opportunité qui prélude de la transformation du dossier du Sahara Occidental des Nations unies à l’UA, permettant à celle-ci de jouer un rôle plus important dans le règlement de ce conflit et de demander des comptes au Maroc, en s’assurant de son respect de toutes les dispositions de l’Acte constitutif de l’UA».
Connue pour sa position constante sur la cause sahraouie, mais aussi sur toutes les questions de décolonisation dans le monde, l’Afrique du Sud s’était énergiquement opposée, avec d’autres pays membres, à la réadmission du Maroc à l’Union africaine lors du Sommet d’Addis-Abeba. Et si elle a accepté la décision d’admission c’est, comme l’a expliqué son président, Jacob Zuma, afin de «promouvoir l’unité et la cohérence» sur le continent.
Cela dit, le chef d’Etat sud-africain a insisté pour que, en vertu de son accession à l’Acte constitutif de l’UA, le Maroc doive en respecter toutes les dispositions et «résoudre immédiatement ses relations avec le Sahara Occidental afin d’assurer l’intégrité territoriale entre les deux pays». Car, en effet, le Maroc est condamné à composer avec la présence du Sahara Occidental – dont il nie officiellement l’existence – au sein de l’organisation africaine. Chose qui est perçue par les Sahraouis et leurs amis comme une victoire diplomatique indéniable et un pas important vers la reconnaissance de la RASD par Rabat qui en avait, rappelons-le, exigé le retrait pour introduire sa demande de réadmission à l’Union africaine. Même si dans les discours, les responsables politiques marocains nient toute intention de franchir le pas ou de cohabiter avec une République qui est pourtant membre, au même titre que le royaume du Maroc, de l’organisation africaine.
R. Mahmoudi
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