Une contribution d’Yves Bonnet – Aux donneurs de leçons : et si on arrêtait ?
Curieux spectacle et peu glorieux que celui que nous donnons au monde après nous être gaussés de l’élection du président des Etats-Unis. Lequel ne nous plaît pas, ce dont les Américains se soucient comme d’une guigne. N’avons-nous rien de mieux à faire qu’à lyncher un des candidats sous le prétexte qu’il est de droite, comme la majorité des Français, catholique comme la majorité des Français, et propriétaire comme la majorité des Français ?
Je ne suis ni de droite, ni catholique, ni complètement propriétaire et je me considère comme privilégié et remercie le ciel de m’avoir fait tel que je suis. J’ai vécu suffisamment pour bientôt devoir laisser la place et j’aimerais quitter un pays que j’aime avec la conscience d’avoir un tout petit peu servi à quelque chose.
Ce tout petit quelque chose, c’est un tout petit conseil : arrêtons de nous jalouser, de nous quereller et laissons les candidats à l’élection présidentielle nous expliquer sereinement leur vision du débat, ses enjeux, et nous présenter leurs propositions. J’aimerais qu’ils nous parlent de l’Europe, du sort des persécutés parmi lesquels beaucoup de chrétiens, des nouvelles technologies du vivant, de l’émancipation des peuples opprimés, les Coréens du Nord, les Iraniens, les Irakiens, les Tibétains, les minorités religieuses, raciales, politiques, de notre besoin de spiritualité, de générosité, de tolérance, de la famille, l’oubliée du siècle, de l’éducation, de la culture, la liste en est interminable de nos devoirs plus encore que de nos droits.
A ouvrir la boîte à gifles, on commence par sélectionner les victimes, puis on passe à d’autres, tout aussi coupables, fautifs, l’hypocrisie en plus, et on prend le risque insensé de se voir à son tour poussé sur le devant de la scène, de devoir expliquer pourquoi on triche sur le travail au noir, sur la déclaration d’impôts, pourquoi on absout le criminel qui ne tue que des policiers, pourquoi on jette le résistant dans le panier où croupit le terroriste, pourquoi on vend des armes aux tyrans sous prétexte de «nous donner du travail».
Alors de deux choses l’une : ou bien on arrête ou bien on déballe tout. Moi qui ne suis pas grand-chose, j’en ai des saloperies à déballer dans cette foire à tout de la malhonnêteté. Alors imaginez…
Les donneurs de morale, les journalistes en tête, devraient méditer cette belle et triste réflexion de Maurice Maeterlynck : en politique, l’homme est comme le chien, il n’aime que les mauvaises odeurs et son flair est infaillible.
Yves Bonnet
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