Le Yémen lance un missile contre une base près de Riyad : panique chez les Al-Saoud
Les forces yéménites ont lancé dans la nuit du 5 au 6 février un missile de longue portée, Borkane 2, contre la base balistique d’Al-Muzahimiyah (40 km à l’ouest de Riyad), ont indiqué des sources militaires yéménites à Sanaa. Cette attaque au missile qui a ciblé pour la première fois le cœur du royaume saoudien change la donne dans le conflit yéménite. Ciblant ainsi pour la première fois la capitale de l’Arabie Saoudite, qui dirige une coalition militaire contre le Yémen depuis le 26 mars 2015, les forces armées yéménites ont fait état d’une «expérience réussie» qui «vient en réponse à l’agression américano-saoudienne avec les massacres sanglants et le siège injuste sur notre peuple du Yémen, provoquant une tragédie humanitaire majeure avec la complicité d’une communauté internationale et de l’ONU», selon un communiqué de presse.
A partir de ce jour, Riyad est devenue le théâtre des opérations pour les missiles yéménites. Le porte-parole de l’armée régulière yéménite a appelé les citoyens saoudiens à se tenir à l’écart des installations et des bases militaires et annoncé que d’autres villes des pays de la coalition sont visées par les prochaines frappes.
La même mise en garde a été adressée au lendemain du tir de missile sur Riyad par Mhamed Ali Al-Houthi, président du Comité révolutionnaire, en affirmant : «Toutes les armes en notre possession n’ont pas encore été révélées et les avions ennemis ne pourront plus survoler le territoire yéménite comme avant», sous-entendant par-là que les missiles yéménites pourront désormais abattre les chasseurs de la coalition arabe qui bombardent sans arrêt le Yémen depuis le 26 mars 2015.
Pour l’instant, Riyad, surpris, observe le silence sur cette attaque qui aurait causé beaucoup de victimes et créé la panique au royaume, selon les informations mises sur les réseaux sociaux par des activistes saoudiens, qui parlent de fuite des émirs et des dignitaires du régime des Al-Saoud vers d’autres destinations du royaume ou à l’étranger.
Aux Emirats arabes unis, qui risquent d’être la prochaine cible des missiles yéménites, c’est aussi la panique. Les autorités ont déclenché le système antimissile et les habitants de cette monarchie ont été nombreux à demander sur les réseaux sociaux le retrait immédiat des troupes d’Abou Dhabi et la fin de sa participation à la guerre au Yémen.
C’est la première fois que les forces balistiques yéménites visent la capitale de l’Arabie Saoudite (environ 1 200 km du Yémen) qui mène une guerre des plus meurtrières (plus de 11 000 morts en majorité des civils) contre son voisin yéménite, à la tête d’une coalition arabe depuis le 26 mars 2015.
Auparavant, les missiles yéménites avaient frappé dans la soirée du 27 octobre 2016 l’aéroport Abdelaziz de Djeddah, à quelque 600 km des frontières yéménites. C’était une riposte au massacre commis par les forces saoudiennes de la Grande Salle à Sanaa, lors d’une cérémonie funéraire, le 8 octobre, qui a fait 140 morts et 525 blessés. Ce massacre a provoqué une plus grande mobilisation et union des Yéménites contre les forces d’invasion.
Cette attaque au missile au cœur de l’Arabie Saoudite intervient dans un nouveau contexte régional et international et suite à une grande offensive lancée ces derniers mois par la coalition saoudienne et ses alliés locaux (gouvernement démissionnaire de Hadi) et étrangers pour tenter de s’emparer des régions de la côte ouest yéménite – Taez, Al-Mokha, Al-Hudaydah – en vue de prendre le contrôle du détroit stratégique de Bab Al-Mandeb. Mais ce plan a échoué après de longs et durs affrontements.
Il y a une semaine, un destroyer saoudien avait également été pris sous le feu des tirs de missiles yéménites, une attaque qui avait également provoqué la panique chez les monarchies du Golfe et leurs alliés. Le missile yéménite, un C-80 côte-mer, a touché sa cible, le destroyer saoudien de conception française, avec précision et sans avoir pu être intercepté par les radars ultrasophistiqués ennemis, à la grande surprise des Saoudiens qui ne croyaient pas que les forces yéménites étaient dotées de tels engins, selon des sources militaires yéménites.
«Les deux attaques au missile, celle contre la base saoudienne à Zuqar et celle visant le destroyer, se sont produites à quelques jours d’intervalle. Cela a demandé un soutien long et rigoureux de l’appareil de renseignement, qui a de loin dépassé le Mossad, le MI6 et la CIA, tous les trois impliqués dans la guerre contre le Yémen», selon l’un des hauts commandants de l’armée yéménite cité par Press TV.
La même source ajoute que «c’est à l’aide de ce destroyer que Riyad et ses alliés veulent s’emparer d’Al-Hudaydah et d’Al-Mokha, mettre en œuvre le plan du démembrement du Yémen, suivi de celui de la ghettoïsation du nord». Or le missile téléguidé d’Ansarallah (Houthis) a bouleversé la donne et «a même poussé les tireurs de ficelles américains à intervenir militairement au Yémen», estime la même source.
Houria Aït Kaci
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