Le président tunisien dément : «Je n’ai pas mandaté Ghannouchi dans le dossier libyen»
Le président tunisien, Beji Caïd Essebsi, a affirmé, dimanche, n’avoir chargé le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, d’aucune activité diplomatique au niveau des pays du voisinage. Invité de la chaîne de télévision Nesma TV, le chef d’Etat tunisien a précisé que son seul représentant diplomatique reste son ministre des Affaires étrangères qui, selon lui, «s’acquitte formidablement de sa tâche».
Cette déclaration vient démonter toutes les assertions répétées plusieurs fois par Rached Ghannouchi, à savoir qu’il était mandaté par le président Essebsi pour effectuer ses visites. Dans une interview à la chaîne Al-Arabiya, fin janvier, il a expliqué que ses voyages fréquents à l’étranger, et particulièrement ceux qu’il effectue en Algérie, avaient reçu la bénédiction du président tunisien, Beji Caïd Essebsi. Le chef du mouvement Ennahdha avait, en outre, nié faire dans la diplomatie partisane et expliqué que son activisme à l’étranger était de la «diplomatie populaire». Sa présence, le 26 janvier, aux côtés d’Ahmed Ouyahia qui rencontrait chez lui à Tunis le dirigeant islamiste libyen Ali Salabi, dans le cadre des bons efforts de médiation menés par Alger pour trouver une solution à la crise libyenne, est venue ensuite conforter cette thèse livrée par le leader islamiste tunisien. L’homme a «parrainé» durant la même période d’autres rencontres avec des responsables algériens, toujours chez lui, et en présence de l’ambassadeur d’Algérie en Tunisie, Abdelkader Hadjar, dont l’une avec son compère algérien, Abderrezak Mokri, président du MSP, lequel en a fait part dans un communiqué officiel.
Au même moment, une source du ministère des Affaires étrangères a révélé à Algeriepatriotique que les responsabls algériens n’avaient besoin des services de personne pour «discuter avec nos frères libyens». Pour eux, c’est certain, Rached Ghannouchi profitait des portes qui lui étaient ouvertes en Algérie pour prouver à l’opinion tunisienne qu’il avait encore du poids et, surtout, qu’il était une personnalité incontournable dans les milieux islamistes maghrébins.
Reste à savoir par quel truchement, par quelle magie, le chef du mouvement Ennahdha a pu s’engouffrer dans la haute diplomatie des deux pays maghrébins, jusqu’à prétendre jouer des premiers rôles, alors qu’il n’est mandaté – on le sait aujourd’hui – ni par Alger ni par le président de son pays.
R. Mahmoudi
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