Une soirée chaâbi en hommage à Amar Ezzahi
Une soirée artistique en hommage à Amar Ezzahi, figure cardinale du chaâbi et interprète brillant de ce genre populaire qu’il a incarné pendant un demi-siècle, a été animée jeudi soir à Alger. Organisée à l’occasion de la Journée nationale de la Casbah, célébrée chaque 23 février, la soirée a été rehaussée par une pléiade de jeunes artistes admirateurs d’Amar Ezzahi.
Composé de 14 musiciens, l’orchestre qui avait accompagné Ezzahi était au rendez-vous pour donner un «cachet particulier» à ce concert dédié à la mémoire de «Cheikh Leblad», comme l’ont surnommé ses fans. Les artistes qui se sont succédé sur la scène du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA) ont gratifié le public d’une collection de célèbres chansons dites «qsid» (poèmes) reprises par Amar Ezzahi.
Le jeune Djazim Khalfa a interprété une des chansons écrites par Abdelaziz El-Maghraoui, poète et auteur marocain de qaçaïd (textes) du melhoun, reprise par Ezzahi. Lui succédant, Nassim Bour, autre interprète du chaâbi plusieurs fois primé pour ses performance dans ce genre, a été applaudi par le public en interprétant dans un style plutôt «mélancolique» une des chansons de l’illustre interprète de Ya’l El-Ghafel toubet Youm el-khmis. Outre Abdelkader Chercham, d’autres interprètes du genre, à l’image de Hocine Dris, Mustapha Bouzegzi et Nasser Djebbou, ont participé à ce concert-hommage marqué par des performances mémorables et évocatrices du regretté Ezzahi dont le répertoire inspire de nombreux artistes.
Natif de Tizi-Ouzou, Amar Ezzahi, de son vrai nom Amar Aït Zaï, est l’une des grandes figures de la musique algérienne. Ses premiers pas dans le chaâbi remontent aux années 1960, date à laquelle il rencontre cheikh Lahlou et Mohamed Brahimi dit cheikh Kebaïli qui l’ont initié à la musique qu’il a apprise sur le tas.
En 1968, Amimer, comme le surnomment affectueusement ses fans, enregistre Ya djahel leshab et Ya el-adraâ (La vierge), ses deux premières chansons qui l’ont révélé. Trois ans plus tard, il enchaîne avec d’autres enregistrements avant de produire, en 1982, sa première cassette Ya rab El-Ibad suivie de quelques enregistrements en studio Ya Dif Allah, El Djafi, entre autres.
Humble et réservé, Amar Ezzahi disparaît pratiquement de la scène artistique à partir des années 1980. Il réapparaît en salle de concert à Alger en 1987 puis à la fin des années 1990 lors d’un hommage à El Hadj M’hamed El(Anka – précurseur du chaâbi –, avant de s’effacer définitivement de la scène publique. Ezzahi continue toutefois d’animer des concerts en cercle intime durant les fêtes familiales.
Son répertoire compte des dizaines de chansons enregistrées. Il est décédé le 30 novembre 2016 dans un hôpital algérois où il avait été admis quelques jours auparavant.
R. C.
Comment (8)