Belabbas au magazine français Le Point : «Bouteflika continue à gérer le pays»
Dans une interview à l’hebdomadaire français Le Point, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a justifié la participation de son parti aux élections législatives par l’échec de l’opposition à s’entendre sur le mot d’ordre du boycott. «Avec notre participation, affirme-t-il, nous avons les moyens d’expliquer aux Algériennes et aux Algériens que le statu quo n’est pas une fatalité, il est même le choix le plus dangereux pour le pays.» Belabbas minimise l’importance des alliances effectuées par les partis de la mouvance islamiste en considérant que ces partis ont été incapables de reconstituer l’alliance de 2012 (l’Alliance de l’Algérie verte – AAV) qui regroupait le MSP, Ennahda et El-Islah.
Interrogé sur l’annulation récente de la visite prévue par Angela Merkel en Algérie, le leader du RCD a déclaré que son parti n’a pas attendu que la situation se dégrade à ce point pour réagir. «Depuis 2014, rappelle-t-il, la santé du chef de l’Etat se dégrade de plus en plus avec probablement des hauts et des bas comme pour tout malade chronique. Peut-être que la rechute a coïncidé cette fois-ci avec la visite d’une responsable importante sur l’échiquier mondial et que cela alerte un peu plus.» Et d’enchaîner : «Personne ne peut avoir une parole sûre dans un pays aussi opaque. Pour le reste, nous sommes un parti légaliste, nous respectons la Constitution, même si nous sommes en profond désaccord avec le texte et que nous combattons et consacrons notre énergie pour construire une alternative à un système politique qui a mené le pays vers l’impasse.»
A la question de savoir si le Président gère ou pas le pays, le chef de file du RCD a eu cette réponse tranchée : «Oui, Bouteflika continue à gérer le pays.» «Personnellement, explique-t-il, je pense que le chef de l’Etat n’a jamais géré le pays comme il le gère depuis 2014. La raison est très simple. Quel chef d’Etat algérien a osé réviser la Constitution aussi profondément comme l’a fait Bouteflika en février 2016 ? Et quel chef d’Etat a révisé la loi électorale pour exclure des partis politiques de la compétition électorale comme Bouteflika l’a fait ? Rien de cela n’aurait pu avoir lieu si le chef de l’Etat ne dirigeait pas.» Pour lui, le pouvoir s’est largement «renforcé» et «a décidé d’en finir avec le multipartisme en tant que mode d’organisation démocratique de l’alternance au pouvoir».
Cela dit, le président du RCD estime que le problème en Algérie «n’est pas lié au fait que le chef de l’Etat soit malade ou gravement malade ou pas du tout malade. Le problème se pose en termes de légitimité. Si on résout ce problème, le reste coule de source. Nous avons eu par le passé des chefs d’Etat qui n’étaient pas malades, mais qui étaient aussi illégitimes parce qu’ils étaient le fruit de la fraude électorale», soutient Mohcine Belabbas.
R. Mahmoudi
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