Qui veut exploiter politiquement l’affaire de la journaliste algérienne blessée en Irak ?
La polémique enfle depuis que la journaliste Samira Mouaki, blessée par balle en Irak le 13 février dernier, et se trouvant toujours hospitalisée à Bagdad, a fait une déclaration dans laquelle elle aurait annoncé sa reconversion au chiisme et qu’elle n’aimerait plus revenir au pays. Quelle est la part de vérité et de manipulation dans cette histoire ? Difficile à savoir pour l’instant. Ce qu’on sait c’est que des journalistes algériens ont adressé un appel urgent aux autorités algériennes et irakiennes pour exiger une meilleure prise en charge médicale et psychologique de leur consœur, et interdire tout reportage sur elle, parce qu’ils jugent qu’elle n’a pas toutes ses facultés mentales et que, par conséquent, des personnes «malintentionnées» pourraient exploiter ses propos.
«La famille de notre consœur, représentée par ses deux frères qui lui ont rendu visite à Bagdad, lit-on dans la lettre-pétition, affirment que la blessure qu’elle a subie lors de sa couverture de la guerre en Irak a dû laisser des séquelles profonde sur sa santé, et des troubles psychologiques manifestes qui lui ôtent toute responsabilité sur certains propos qui lui sont attribués».
Ces journalistes demandent alors expressément l’intervention des autorités irakiennes pour «empêcher toute exploitation» de la journaliste blessée par des personnes, que les auteurs de l’appel de définissent pas, dans des reportages qui alimentent des polémiques publiés dans les réseaux sociaux et dans d’autres, «en totale contradiction avec la loi et la conscience professionnelle». Ils exhortent par la même occasion le corps médical et la famille des journalistes irakiens à agir en urgence pour arrêter cette «mascarade».
Les auteurs de l’appel-pétition accusent implicitement des chiites irakiens de vouloir faire dans la récupération politique, mais il n’est pas à exclure que ces pétitionnaires eux-mêmes cherchent à exploiter l’événement pour attiser cette haine confessionnelle devenu le leitmotiv d’un courant politique qui relaie mécaniquement le discours dominant dans les pays du Golfe, qui eux sont en guerre avec l’Iran qu’ils accusent de visées expansionnistes dans la région.
Pour rappel, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déjà démenti, jeudi dernier, les informations alarmistes publiées sur les réseaux sociaux et certains médias électroniques étrangers au sujet de l’état de santé de la journaliste. Il a, par ailleurs, indiqué que les services du ministère des Affaires étrangères étaient en contact permanent avec l’ambassadeur algérien à Bagdad qui lui a rendu visite, à deux reprises, en précisant que l’équipe médicale spécialisée irakienne en charge du suivi de la patiente algérienne était optimiste quant à l’évolution positive de son état de santé.
R. Mahmoudi
Comment (18)