Quand l’ambassadeur d’Algérie à la Ligue arabe remet le Marocain à sa place
Les travaux de la 147e session du Conseil de la Ligue arabe au niveau des délégués permanents ont débuté dimanche au siège du secrétariat général de la Ligue, en prélude à la réunion ministérielle, prévue mardi au Caire, avec une altercation verbale entre les diplomates algérien et marocain. La cause ? L’Algérie qui hérite de la présidence tournante de l’organisation panarabe pour les six prochains mois a refusé de laisser passer au Makhzen une coquetterie politique. Une source diplomatique a déclaré à Algeriepatriotique que la fameuse altercation a opposé le représentant permanent du Maroc auprès de la Ligue arabe, Ahmed Tazi, à son homologue algérien, Nadir Larbaoui, qui présidait la réunion. Selon la même source, le «délégué marocain a demandé avec arrogance au représentant permanent de l’Algérie d’inclure dans le projet de communiqué final de la réunion ministérielle un passage saluant l’adhésion du Maroc à l’Union africaine», ajoutant que le diplomate a opposé un niet catégorique à la demande.
La tension a été telle, indique-t-on, que les délégués ont été contraints de lever pendant un temps la séance et de laisser le soin aux ministres des Affaires étrangères de trancher la question. En attendant, de nombreux observateurs présents sur place ont trouvé la réaction du représentant algérien «logique dans la mesure où la demande marocaine était hors sujet». C’était sans doute le cadet des soucis d’Ahmed Tazi dont la seule préoccupation était, à l’évidence, de mettre la Ligue arabe au service de l’agenda politique du Maroc. En refusant, en février dernier, d’accueillir le sommet de l’organisation, Mohammed VI a d’ailleurs montré qu’il ne daigne s’impliquer dans l’«action arabe commune» que quand il y trouve son compte.
La 147e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe aura pour ordre du jour, rappelle-t-on, l’examen de l’action arabe commune, notamment dans ses volets liés à la paix et la sécurité dans la région. La présidence étant assurée par l’Algérie jusqu’en septembre 2017, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine (UA) et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, conduira les travaux de la session du Conseil ministériel de la Ligue arabe. C’est à lui qu’il reviendra donc de trancher ce énième différend avec le Maroc.
A signaler que durant son mandat, l’Algérie a inscrit parmi ses priorités la réforme et le développement de la Ligue arabe pour lui assurer une adaptation aux changements régionaux et internationaux et renforcer sa capacité de répondre aux exigences politique, sécuritaire, économique et sociale et réaliser, par conséquent, les aspirations des peuples arabes, indique un communiqué des Affaires étrangères.
Elle s’emploiera également à trouver un règlement pacifique et consensuel aux conflits qui minent le monde arabe à travers l’impulsion du processus politique et de réconciliation nationale afin de préserver la sécurité et la stabilité de ces pays, leur entité, leur souveraineté et l’unité de leurs peuples.
L’agenda de l’actuelle session comporte 28 points axés principalement sur l’action arabe commune dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social. Entre autres questions à débattre figurent les derniers développements en Libye, en Syrie et au Yémen, la question palestinienne et l’évolution des relations arabes avec les organisations internationales et régionales outre les moyens de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier. L’élaboration du projet de l’ordre du jour du Sommet arabe qui se tiendra du 23 au 29 mars prochain en Jordanie, après le désistement du Yémen d’accueillir la rencontre, sera également au menu.
Khider Cherif
Comment (34)