Il cultive le secret sur les listes de candidatures : de qui Ould-Abbès a-t-il peur ?
Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould-Abbès, n’a pas encore communiqué sur les listes de candidatures de son parti. Ni d’ailleurs ses services au sein de la direction nationale. Après le dément formel de «toutes les rumeurs qui circulent sur les têtes de liste», le FLN et son secrétaire général se sont murés dans un silence étrange. Et l’information sur les têtes de liste et les candidats retenus a été distillée par des sources internes au parti sous le sceau de l’anonyme. Un anonymat imposé, nous dit-on, par le secrétaire général, qui interdit aux cadres à quelque niveau que ce soit de faire des déclarations.
Depuis le début de l’opération du traitement des 6 200 dossiers de candidatures, Djamel Ould-Abbès agit secrètement et isole les équipes en charge de ce traitement à l’hôtel Moncada. Hormis lui, aucun cadre ne s’est approché de ces équipes. Aujourd’hui encore, Djamel Ould-Abbès continue à entretenir le suspense et surtout à «cultiver» le secret. C’est ainsi que la rencontre avec les têtes de liste a été annoncée sans la présence des journalistes. Il a décidé de tenir sa conférence de presse au Centre international des congrès, à Club des pins, pour des raisons d’ordre organisationnel, nous dit-on.
Mais pour certains fins observateurs, le successeur d’Amar Saïdani a choisi cette enceinte pour des raisons de sécurité. D’ailleurs, les journalistes qui devraient couvrir cette conférence vont faire un passage obligatoire par l’hôtel Moncada, où ils seront transportés par bus vers le lieu de la conférence. Du jamais vu ! Habituellement, le secrétaire général du FLN tient sa conférence de presse au siège du parti. Que cherche Ould-Abbès à éviter ? Craint-il des débordements ? Des protestations ? Possible.
Surtout qu’au lendemain du dépôt des dossiers de candidatures, plusieurs protestations ont eu lieu devant les mouhafadhas et les kasmas du parti à travers le pays et à l’étranger. A Guelma, le bureau de la mouhafadha a été fermé par des militants protestataires qui désapprouvent les choix de la direction centrale. Les protestataires rejettent ce qu’ils qualifient de «choix illogique» de la commission nationale de candidatures dont le travail est supervisé par le secrétaire général Djamel Ould-Abbès. Certains contestent la tête de liste, le professeur Mohamed Nemamcha, recteur de l’Université 8-Mai-1945, tandis que d’autres dénoncent le classement des candidats, notamment Kamel Attab, directeur de la caisse régionale de la Cnas, qui ne figure pas en pole position.
Même topo dans la wilaya de Batna, où des dizaines de militants se sont rassemblés devant la mouhafadha pour dénoncer des parachutés au détriment des enfants de la région. A Chlef, des centaines de militants rejettent, eux aussi, la liste du parti dans cette wilaya. Venus essentiellement de Ténès, ces contestataires estiment que la liste des candidats choisis par le parti ne représente pas toutes les régions de la wilaya. A Mascara, un groupe de militants a protesté devant le siège de la mouhafadha et a rendu publique une déclaration dans laquelle ils contestent la liste des candidats qui ne reflète aucunement les engagements ni les promesses du secrétaire général du parti, Djamel Ould-Abbès.
Pour ces militants, les critères mis en avant durant la phase préparatoire de ces listes n’ont pas été respectés. Ainsi, dénoncent-ils, ni le rajeunissement ni la compétence n’ont été pris en considération. Des contestations ont été également enregistrées à Sétif, à Bouira, à Constantine et à Sidi Bel Abbès. A l’étranger, c’est la démission massive en Espagne et en France. Les cadres des kasmas du FLN à Marseille, à Lyon, à Nice, à Bordeaux, à Saint-Etienne et à Besançon ont tous démissionné. La raison est l’élimination de la candidature pour un deuxième mandat de Noreddine Belmeddah, député sortant et président de la commission des affaires étrangères, de la coopération et de l’émigration à l’APN.
Par sa façon de faire, Djamel Ould-Abbès réussira-t-il à contenir la colère de la base du parti ?
Hani Abdi
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