Kabylie : le RPK passe à l’offensive et bouscule le MAK
Le nouveau mouvement autonomiste appelé le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) appelle l’ensemble des citoyens de la région à s’inscrire dans cette dynamique nouvelle et à participer à la réalisation d’un véritable changement au profit de la Kabylie et de l’Algérie. Affirmant d’emblée que son projet s’inscrit dans une Algérie plurielle, le RPK, qui rejette le projet séparatiste du MAK, estime que «les assises qui auront lieu l’été prochain seront à coup sûr le premier grand rendez-vous». Le RPK, soulignent ses initiateurs, est «autonome dans sa démarche et dans ses positions». Une réponse indirecte aux séparatistes du MAK, qui accusent le pouvoir d’être derrière ce mouvement pour le contrer dans la région. Le RPK, comme l’assure le coordinateur du mouvement, Hamou Boumedine, «n’est inféodé à aucun clan du pouvoir algérien et il ne le sera à aucun lobby étranger». Aussi, poursuit le coordinateur dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, «il ne rend compte de ses actes qu’à ses militants de manière démocratique et transparente». Le RPK considère qu’il représente «une sensibilité», qui est celle de ses initiateurs. Il défend «sans concession aucune les intérêts majeurs de la Kabylie».
«Et si la nécessité nous le commande, nous nous interposerons politiquement à toute tentative d’instrumentalisation de la Kabylie d’où qu’elle vienne», assure M. Boumedine, pour lequel le RPK se place comme un mouvement démocratique et fait de la non-violence une valeur fondamentale. «Pour nous, la Kabylie est une région de la diversité et du pluralisme où toutes les tendances ont droit à l’existence dès lors qu’elles s’inscrivent dans un cadre pacifique. Le combat identitaire de la Kabylie est un combat sans relâche qui a produit ses fruits. Il a permis à toutes les sensibilités de s’exprimer. C’est le fruit de notre combat, le combat de tous les Kabyles. Il est notre héritage commun, il est notre acquis, il est ce qu’on ne doit jamais abandonner», a affirmé M. Boumedine dans la même déclaration.
Contrairement au MAK, le RPK dit ne pas avoir la prétention de représenter le «peuple kabyle» dans sa globalité. Pour ce mouvement, «les partis à ancrage kabyle qui se placent dans une dimension nationale sont pour lui une richesse et le fruit d’un combat, une conquête contre la dictature du parti unique, le FLN». Le RPK se veut ainsi un mouvement rassembleur qui ne ménagera aucun effort pour regrouper toutes les sensibilités autour des intérêts partagés autour de la Kabylie. Son action sur le terrain sera prioritairement engagée, sans s’ériger en tutelle, dans la revivification de la démocratie locale et la généralisation des expériences réussies dans certains villages afin d’amorcer une dynamique d’autonomie de fait, soutient le coordinateur du mouvement, qui considère que les acteurs économiques et les acteurs sociaux ont, comme tous les autres acteurs, une responsabilité dans cette entreprise de recomposition sociale.
«Le RPK est aussi un mouvement autonomiste qui s’inscrit dans la régionalisation et non pas dans le régionalisme. Il est respectueux de toutes les autres communautés de l’Algérie», ajoute-t-il. Pour le RPK, «le régionalisme est une tare du pouvoir autoritaire algérien qui ne s’est construit, depuis 1962, que sur le favoritisme et le clientélisme. Sa politique d’exclusion envers la Kabylie, notamment sur les projets d’investissement publics, auquel il faut ajouter les pressions fiscales sur les opérateurs privés, constituent un véritable chantage pour la normalisation politique et l’assimilation identitaire».
Le RPK insiste sur le caractère de son projet en mettant en avant son slogan pour une Kabylie autonome dans une Algérie plurielle et démocratique. La naissance de ce mouvement a suscité de vives réactions des séparatistes du MAK, dont leur chef, Ferhat Mehenni, qui s’oppose clairement à ce nouveau mouvement, arguant qu’il ne peut y avoir de pluralisme politique «dans une Kabylie colonisée» (sic).
Sonia Baker
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