Rapatriement des crânes détenus en France : Tayeb Zitouni ne donne aucune perspective
Dans une réponse à une question écrite qui lui a été adressée par un député, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé que l’affaire du rapatriement des crânes et restes des résistants algériens qui se trouvent dans un musée parisien est au cœur des discussions qu’il mène au nom de l’Etat algérien avec la partie française, sans donner d’autres précisions, ni aucune perspective. Le ministre s’est contenté de rappeler que cette question figure parmi les priorités de son département dans le cadre de la sauvegarde de la mémoire et des symboles de la résistance populaire et de la guerre de Libération nationale.
Dans une déclaration à la presse en janvier dernier, le ministre des Moudjahidine avait assuré que l’Algérie poursuivait ses efforts à travers ses canaux diplomatiques pour la récupération des crânes de ses martyrs conservés au Musée de l’Homme en France. Il a souligné que le travail des commissions conjointes se poursuivait toujours sur les dossiers de la mémoire, notamment les archives et les victimes des essais nucléaires, dans l’espoir que chacun puisse bénéficier de ses droits. Or, la tâche paraît plus complexe puisque, du côté français, on se montre très prudent, voire réticent sur cette question. Depuis septembre 2016, l’attitude du gouvernement français n’a guère évolué.
Interrogé récemment sur cette question, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères n’a rien révélé de nouveau, se contentant de rappeler qu’il y avait «un dialogue étroit avec les autorités algériennes sur toutes les questions de mémoire» et que cette affaire des crânes s’inscrivait dans ce dialogue. Il avait insisté sur le fait qu’il doit y avoir une demande officielle de restitution de la part des autorités algériennes, préalable à un travail scientifique d’identification sur les demandes formulées.
Preuve de cette réticence : le président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris a évoqué devant les députés de l’Assemblée française la complexité du processus de restitution des crânes des résistants algériens réclamés par l’Algérie, en s’appuyant sur des textes de loi jugeant comme «inaliénables» ces restes présentés comme des «pièces publiques anthropologiques». Pour les opposants à la restitution de ces crânes, il faudrait une procédure préalable de déclassement ou d’une loi spéciale.
Les crânes à restituer sont ceux de résistants algériens du début de la colonisation française. Ce sont les crânes secs qui appartiennent, entre autres, à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif «Boubaghla» ; Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaatchas, dans la région de Biskra en 1849 ; Moussa El-Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. On parle aussi de la tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Chérif Boubaghla, qui fait partie du lot à restituer, outre le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader.
R. Mahmoudi
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