Dérapage d’Al-Kassimi sur l’Algérie : des médias arabes tentent de corriger le tir
Après les excuses tardives et oiseuses de l’émir de Charjah sur la déclaration qu’il avait faite à Londres, plusieurs médias arabes se sont chargés, non seulement de justifier des propos immoraux mais aussi d’en faire une autre lecture, en pervertissant totalement les faits. Le journal électronique Elaph s’y attelé avec zèle, en voulant montrer l’auteur de cette agression verbale caractérisée en victime, et les victimes en «partisans» animés de mauvaise foi et cherchant à nuire à un prince «philanthrope» et «philosophe» à ses heures.
L’auteur de ce réquisitoire commence, malicieusement, par réduire la vague d’indignation qu’ont soulevée ces propos en Algérie à une réaction «partisane» émanant du secrétaire général du FLN à qui il demande sentencieusement de «respecter l’histoire». «Les réactions algériennes paraissent naturellement étranges, écrit-il d’entrée, parce que ce qu’avait rapporté Cheikh Soltane Ben Mohammad Al-Kassimi n’est qu’un fait historique avéré, et n’est nullement sa propre opinion. Ce récit aurait pu être rapporté par n’importe quelle personne, abstraction faite de son statut.» Et de poursuivre : «Comment le secrétaire général du FLN, parti au pouvoir en Algérie, Djamel Ould-Abbès a-t-il pu en tirer une atteinte à la lutte algérienne durant 132 ans contre le colonialisme français et à ses immenses sacrifices, avec son un million et demi de martyrs ?» s’interroge perfidement l’auteur de l’article pour qui le prince de Charjah «n’a pas sous-estimé le rôle de ces martyrs, et n’a pas nié leur rôle dans le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie mais a juste rapporté un échange entre De Gaulle et son ministre de la Culture, André Malraux, pour illustrer l’influence de la culture sur les hommes et la pensée politiques».
En d’autres termes, l’auteur de l’article, tout comme le prince émirati dans son «message d’excuses», maintient la pertinence du conseil attribué à Malraux dans cette histoire, à savoir que, pour gagner les faveurs du président égyptien Gamal Abdel Nasser, il fallait «offrir l’indépendance aux Algériens». Ce qui revient à dire que les excuses du prince sont dénuées de sens et que toute la logorrhée diplomatique qui les a accompagnées ne sert qu’à calmer les tensions et éviter une crise diplomatique entre les deux pays. La preuve est que c’est le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis qui a pris l’initiative de s’en excuser le premier auprès du Premier ministre algérien.
«La moindre chose qu’on puisse attendre des partisans algériens est qu’ils admettent la véracité d’un récit authentique qu’il n’est guère possible d’effacer de l’histoire.» Tout y est dit.
R. Mahmoudi
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