Une pierre, plusieurs coups
Par Khider Cherif – Le bombardement, vendredi matin, par l’armée américaine d’une base aérienne syrienne a surpris toute la planète. L’événement est surprenant, car les Etats-Unis du président Trump s’étaient promis de limiter leurs interventions à l’étranger et de se concentrer sur la lutte contre le terrorisme, qu’ils considèrent comme l’ennemi public numéro un. Il n’était d’ailleurs pas certain que Donald Trump ait lui-même pensé à attaquer l’armée syrienne le jour où l’on a parlé d’une «probable» attaque chimique à Idleb. Sa réaction n’avait d’ailleurs pas dépassé le stade de la simple réprobation.
Ce n’est sans doute qu’après coup que le successeur d’Obama et ses conseillers ont compris tous les dividendes politiques qu’ils pouvaient tirer d’une action militaire ponctuelle au Proche-Orient. Certains observateurs soutiennent, à ce propos, qu’en envoyant une soixantaine de missiles Tomahawk sur la base d’Al-Chaayrate, Donald Trump avait probablement à l’idée de s’affranchir des soupçons de connivence avec Moscou qui pèsent sur lui et qui ont rendu son début de mandat des plus exécrables.
Il n’est également pas faux de penser que grâce à cette frappe «chirurgicale», le locataire de la Maison-Blanche ait cherché à faire oublier les ratés de sa politique migratoire et à reconquérir une opinion américaine déjà désappointée par son style de gouvernance. Les raids contre la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate peuvent aussi répondre à des calculs autres qu’internes. L’entrée en scène de la flotte américaine stationnée en Méditerranée dans le conflit syrien peut être effectivement perçue comme un message adressé aux Etats qui, comme la Corée du Nord, se considèrent intouchables pour le simple fait qu’ils possèdent la bombe atomique. Plus globalement, les Américains ont sans doute voulu rappeler à tout le monde que s’ils ne peuvent pas tout régler seuls, rien ne peut par contre se faire sans eux. Le message paraît être autant valable pour la Russie que pour la Chine. Au-delà, rien ne dit aujourd’hui que Donald Trump engagera dans la durée son armée en Syrie.
K. C.
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