Les troupes américaines entrent en Syrie : Donald Trump joue avec le feu
Cinq jours après les raids meurtriers lancés contre une base d’aviation syrienne, en représailles à l’attaque chimique présumée menée contre des populations civiles dans la région d’Idleb, l’armée américaine projette de déclencher une offensive terrestre, cette fois sous prétexte d’apporter secours aux troupes «rebelles» pro-américaines, assiégées par les hommes de Daech, sur le passage frontalier de Tanef, entre la Syrie et l’Irak. Selon des sources médiatiques concordantes, un attentat à la voiture piégée attribué à Daech avait tué ce samedi trois éléments de Oussoud Al-Sharqiyah (Lions de l’Est), appartenant à la milice armée dites «Forces syriennes démocratiques», composée essentiellement de Kurdes.
Des troupes américaines et jordaniennes sont intervenues à la hâte pour tenter de desserrer l’étau sur leurs alliés syriens. Les mêmes sources ont rapporté qu’une vingtaine de chars américains et des véhicules blindés ont participé à l’assaut donné contre les éléments de Daech. Il s’agit de la première initiative de ce type prise par l’armée américaine dans ce pays depuis l’avènement de Donald Trump à la tête du pays. Les observateurs soupçonnent les Américains de préparer le terrain à une opération beaucoup plus vaste, visant officiellement à déloger le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» de cette région qu’il occupe depuis 2013 mais dont l’objectif inavoué serait d’intensifier les pressions sur le gouvernement et l’armée syriens qu’ils ont juré d’abattre.
Cette analyse s’appuie notamment sur les demandes pressantes et synchronisées de l’ensemble des alliés de Washington pour mener des actions encore plus musclées et, surtout, ininterrompues visant à renverser le régime syrien, en l’assurant de leur soutien. Le gouvernement turc a estimé que les raids aériens effectués contre la base d’Al-Chaayrate, en Syrie, n’auront aucune incidence sur le terrain s’ils ne sont pas suivis d’actions décisives. Les Turcs sont prêts à ouvrir leurs frontières et à offrir leurs bases aux troupes américaines. Du coup, Ankara revient à sa position antérieure, exigeant le départ de Bachar Al-Assad, après en avoir fait abstraction, suite à ses démêlés avec Moscou. Les pays du Golfe trouvent dans l’escalade actuelle un tremplin pour essayer de contrebalancer les rapports de force qui étaient nettement défavorables aux différents groupes qu’ils soutiennent et financent en Syrie depuis le déclenchement de la violence dans ce pays en 2011.
Plus zélée encore, l’ex-secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton est allée, dans sa première intervention publique depuis sa défaite à l’élection présidentielle, jusqu’à suggérer à l’armée de son pays de bombarder tous les aéroports syriens pour rééditer le scénario irakien de 2003. Le président Trump cédera-t-il à toutes ces voix belliqueuses qui l’encouragent à replonger la région dans un nouveau cycle infernal ?
R. Mahmoudi
Comment (57)