Martin Kobler : «L’accord interlibyen doit être amendé»
Dans une déclaration faite aujourd’hui à Alger, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, a reconnu que l’accord interlibyen signé en décembre 2015 à Skhirat devait être amendé pour qu’il soit opérant. «Nous avons vu comme un certain blocage et qu’il faut changer quelques articles de l’accord politique libyen», a-t-il dit. Par sa déclaration, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye accède à la demande récurrente du maréchal Kahalifa Haftar de revoir cet accord. Un accord qui jusque-là l’a exclu et qui, selon lui, est inapplicable dans sa forme actuelle en raison du fait qu’il n’a pas inclus les personnalités libyennes les plus représentatives.
A l’occasion, M. Kobler a attiré l’attention sur le fait que ces changements devaient s’inscrire dans un cadre onusien. Il a, par ailleurs, averti des risques que pourrait provoquer une inflation d’initiatives de paix, louant dans la foulée l’attitude de l’Algérie, qui s’est montrée jusque-là respectueuse du processus de paix initié par l’ONU. «Ça devrait être un processus des Nations unies. On a beaucoup d’initiatives de tout le monde. Mais je crois que la politique de l’Algérie et du ministre Messahel, personnellement, de soutenir le processus des Nations unies est très importante», a-t-il indiqué. Allusion faite certainement à la Tunisie et à l’Egypte qui cherchent actuellement à s’attirer les honneurs en faisant chacune la promotion de plans de sortie de crise en Libye.
A ce propos, M. Kobler, qui est venu à Alger faire le point sur la visite du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, en Libye, a fait part de son rejet des «interférences de l’extérieur dans la crise en Libye», saluant «tout soutien aux efforts de règlement, les relations amicales, les pourparlers ainsi que le dialogue avec les interlocuteurs en Libye».
M. Kobler a, en outre, insisté sur les «contacts avec les gens, le peuple, les politiciens, mais d’une manière qui n’est pas considérée comme une interférence dans les affaires libyennes», car, a-t-il réitéré, «les Libyens doivent décider eux-mêmes de leur destin». «Notre tâche est d’œuvrer pour que les gens se mettent ensemble autour d’une table et décider d’eux-mêmes. Il faut soutenir le processus et assister les Libyens», a ajouté M. Kobler.
Ici, la mise au point est probablement adressée à l’Italie, qui suit actuellement son propre agenda en Libye. Le ministre italien de l’Intérieur, Marco Minniti, a, d’ailleurs, confirmé le 2 avril dernier la signature d’un accord de paix entre les tribus de Toubou et d’Ouled Slimane. Un accord est signé grâce à une médiation italienne dont personne n’avait entendu parler auparavant. A rappeler que la visite de Martin Kobler à Alger intervient à un moment de grande tension entre les gouvernements de Tripoli et de Benghazi. Les deux belligérants se disputent actuellement le contrôle d’une base aérienne militaire à Sebha, dans le sud de Tripoli. Les discussions interlibyennes sont au point mort.
Khider Cherif