Qui choisir, une question inutile ?
Par Kamel Moulfi – Alors que le risque de l’abstention d’une bonne partie du corps électoral au scrutin du 4 mai est redouté par les partis politiques qui y participent, la barre de l’exigence est, au contraire, fixée par le pouvoir au niveau d’une participation massive, voire exceptionnelle. Qu’en sera-t-il ? Il est difficile de le prévoir en l’absence de données plus ou moins fiables qui pourraient servir d’indicateurs sur le comportement des électeurs.
Durant la campagne électorale, beaucoup d’observateurs ont tout de même perçu le vent de panique qui a soufflé sur le camp des candidats face au constat d’une certaine désaffection de l’électorat traduite par la faible affluence à leurs meetings. Cette impression est renforcée par l’ambiance générale dans la population qui ne manifeste aucun signe d’enthousiasme pour les législatives, fortement discréditées après tout ce qui se raconte sur les députés et notamment leur statut privilégié sans contrepartie «palpable» dans la société. A quoi servent-ils ? Cette question posée par les électeurs reste sans réponse sérieuse.
Il n’est, d’ailleurs, pas surprenant que le principal argument avancé par le gouvernement pour convaincre les électeurs d’aller voter ne soit pas tiré du rôle de l’Assemblée populaire nationale (APN). L’argumentaire politique officiel est fondé sur la nécessité de «faire face aux dangers et menaces qui guettent le pays». L’abstention n’est pas présentée en référence à un devoir civique découlant de la notion de citoyenneté, mais comme pouvant être «un motif, voire une cause réelle de menaces sécuritaires pour notre pays».
Dans cette conception, la participation au vote ne consiste plus pour l’électeur à choisir ses représentants dans la prochaine APN, mais à assurer la stabilité politique et la cohésion nationale, quels que soient les députés qui siègeront dans cette institution. Fallait-il une campagne électorale pour mobiliser les Algériens autour de cet enjeu ? Ils ont déjà prouvé qu’ils sont intraitables sur les questions qui touchent aux intérêts de l’Algérie.
K. M.
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