Les partis de l’opposition crient impuissamment à la fraude
Echaudés par l’abstention massive, les partis de l’opposition, toutes obédiences confondues, crient impuissamment à la fraude électorale qui aurait entaché le scrutin du 4 mai. Les réactions des formations de l’opposition se succèdent et se ressemblent depuis vendredi 5 mai, date de l’annonce des résultats officiels des législatives qui ont donné les partis du pouvoir (FLN et RND) comme grands vainqueurs.
Le Parti des travailleurs, qui a obtenu 11 sièges contre 25 en 2012, parle de «complot orchestré par l’oligarchie pour qu’elle fasse passer toutes les lois dont elle a besoin afin de poursuivre son siphonage des richesses nationales au nom de l’investissement». Louisa Hanoune, première responsable de ce parti, accuse l’Administration d’avoir détourné la volonté populaire au profit des partis du pouvoir. Elle exprime sa colère et son mécontentement.
Le RCD, de son côté, considère les résultats annoncés vendredi comme ceux de la fraude électorale qui «a commencé avant même l’entame de la campagne électorale par les traditionnelles manipulations. Le vote groupé des corps constitués a servi à doper les candidatures du pouvoir et de ses satellites, et le comportement partial de l’Administration s’est aggravé», souligne la formation de Mohcine Belabbès qui va se contenter de 9 sièges, sans groupe parlementaire. Mais ce parti assure qu’il continuera son combat pour notamment «une instance indépendante d’organisation des scrutins à tous les niveaux» qui va être «le levier politique qui donne du sens au combat pour la consécration de la souveraineté populaire». Comment ? Il ne l’explique pas.
Le FFS, qui a eu 14 sièges contre 27 en 2012, use de la même rhétorique, en affirmant qu’il a été «spolié» des voix qui lui ont été données par les citoyens. Il considère que «ces élections ont aggravé la faiblesse et la fragilité de l’Algérie, et (que) le seul vainqueur de cette échéance électorale – et nous devons le reconnaître – est l’abstention sous toutes ses formes». Le plus vieux parti de l’opposition constate que «face à cette situation grave, le pouvoir poursuit avec indifférence et aveuglément sa stratégie unilatérale autoritaire. Une stratégie qui consolide les responsables de la crise dans leurs positions». Pour lui, ces résultats auront de graves conséquences sur l’avenir du pays.
Même son de cloche du côté du Front national algérien (FNA) qui a obtenu 1 seul siège. Le président de ce parti, Moussa Touati, dénonce «une fraude à grande échelle» et appelle les partis de l’opposition ayant participé aux législatives à unir leurs forces pour protester énergiquement contre le détournement du choix du peuple. Moussa Touati envisage aussi d’observer une grève de la faim comme ultime recours face à «un pouvoir qui ne recule devant rien».
Les deux alliances islamistes, MSP-FC et Adala-Bina-Nahda, crient également à la fraude et à de multiples dépassements. Mais ces cris, si nombreux et si forts soient-ils, restent un aveu d’impuissance. En acceptant de participer à un scrutin dont les règles sont fixées par un pouvoir qu’ils dénoncent à longueur de journée, ces formations admettent implicitement que le rapport de force est du côté d’El-Mouradia. Car elles ne mobilisent plus. La preuve a été donnée encore une fois par le fort taux d’abstention. Ces partis sont également victimes de leurs divisions idéologiques qui les empêchent de s’unir pour une cause commune.
Hani Abdi
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