Le Makhzen lâche ses médias à la solde du roi sur Ramtane Lamamra et Amar Belani
Pour le dernier week-end présidentiel de François Hollande, les services de l’Elysée lui ont organisé, samedi dernier, un «déjeuner improvisé» dans un restaurant parisien, le Café Philippe, dans le 3e arrondissement, tout près de la place de la République. L’improvisation a perdu son charme en fin de déjeuner, «après le café et les digestifs», avec l’arrivée sur les lieux de Mohammed VI, venu à la rencontre du président sortant. La presse parisienne, qui donne l’information, a rapporté que Hollande avait déjà reçu quelques jours auparavant, à l’Elysée cette fois, le roi du Maroc, et ils avaient eu un entretien privé d’une vingtaine de minutes pour évoquer «la lutte contre les terroristes djihadistes ainsi que le réchauffement climatique». Ont-ils parlé de l’Algérie ? Le Makhzen a lancé une campagne de propagande, en montant un prétendu plan algérien «dont l’objectif serait de donner, à travers les médias européens, l’image d’un Maroc au bord de l’implosion».
La propagande du Makhzen associe l’Afrique du Sud à ce plan «ourdi». C’est le quotidien marocain Assabah qui a été chargé de distiller ces mensonges. Citant des sources de «haut niveau», il accuse les diplomaties algérienne (particulièrement l’ambassadeur à Bruxelles, Amar Belani, et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra) et sud-africaine de «s’activer dans les coulisses des sièges de l’Union européenne, de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations unies» dans ce but. Le Makhzen sait pourtant que le Maroc n’implosera pas tant que la famille régnante sera protégée par la France qui continuera de fournir des matraques à Mohammed VI pour mâter ses sujets récalcitrants qui dérangent la quiétude des «hôtes» dans les somptueux «riad» de Marrakech. Par ailleurs, l’image du Maroc n’a pas besoin d’être ternie, elle l’est déjà, au plan international, par les faits eux-mêmes.
Ces faits sont récents, comme la saisie en Afrique du Sud d’une cargaison de 54 000 tonnes de phosphate d’une valeur de 5 millions de dollars, destinée à la Nouvelle-Zélande, en provenance des territoires sahraouis occupés par le Maroc. A ce sujet, un eurodéputé, Florent Marcellesi, a exhorté l’UE et ses Etats membres, notamment l’Espagne et les Pays-Bas, à «faire respecter le droit européen», notamment l’arrêt de la Cour de justice de l’UE (CJUE) stipulant que les accords d’association et de libéralisation UE-Maroc ne sont pas applicables au Sahara Occidental. Quelques semaines auparavant, de nombreux eurodéputés ont mis fortement en garde la Commission européenne sur les conséquences juridiques de l’importation par un Etat membre de l’UE d’une cargaison d’huile de poisson en provenance du Sahara Occidental sans le consentement de la population sahraouie.
Il y a deux jours, l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) a dénoncé le Maroc pour avoir failli à ses obligations internationales en expulsant, le mois dernier, deux groupes de réfugiés syriens de 55 personnes, comprenant 20 femmes, dont 2 enceintes de plusieurs mois, et 22 enfants. «Expulser des demandeurs d’asile de son territoire (…) sans leur donner la possibilité de demander le statut de réfugié constitue une violation des obligations internationales du Maroc», a souligné HRW dans son communiqué, qui indique également qu’une des femmes réfugiées syriennes a accouché le 23 avril dans la zone frontalière, située près de la ville marocaine de Figuig. Comme à son habitude, le Makhzen a cherché à exploiter ce drame humain à des fins de propagande hostile à l’Algérie en tentant de lui faire porter la responsabilité d’une imaginaire expulsion de ressortissants syriens vers le Maroc alors qu’ils voulaient y entrer de leur plein gré sans contrainte particulière. Par cet acharnement contre l’Algérie, qui serait responsable de tous les malheurs du royaume, le journal Assabah veut faire oublier les déconvenues du roi Mohammed VI à Cuba et à Miami.
Houari Achouri
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