Sahara Occidental : Washington avertit le Maroc
L’aide américaine destinée au Maroc, prévue dans le budget fédéral des Etats-Unis pour 2017, ne peut être dépensée au Sahara Occidental sans l’aval du département d’Etat, selon la loi budgétaire du 4 mai dernier adoptée par le Congrès et promulguée par le président, Donald Trump.
Cette loi a maintenu une clause concernant l’autorisation d’utiliser une aide financière américaine destinée au Maroc dans les territoires du Sahara Occidental occupés même si le royaume chérifien s’est félicité de cette disposition qu’il a interprétée faussement, indique une source proche du dossier. Le texte dispose que la mise en œuvre de cette disposition est soumise à l’aval du département d’Etat qui, souligne-t-on, n’a jamais donné son accord pour que les fonds accordés au Maroc dans le cadre de cette assistance soient dépensés au Sahara Occidental.
Le département d’Etat a toujours marqué son refus catégorique de mettre en œuvre cette disposition, estimant qu’elle peut être interprétée comme un changement dans la position américaine à l’égard de la question sahraouie. En 2016, il avait rejeté cette mesure, en affirmant que son application revenait à reconnaître le Maroc comme puissance administrante dans les territoires sahraouis occupés, maintenant sa position, maintes fois exprimée, sur la non-reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
Selon l’information rapportée par l’APS, la loi budgétaire est très précise en ce qui concerne l’application de cette mesure législative. Elle stipule que le secrétaire d’Etat et l’administrateur de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) doivent se prononcer quatre-vingt-dix jours après la promulgation de la loi sur l’utilisation de cette aide au Sahara Occidental en consultation avec le comité des crédits.
Le Maroc a réagi vendredi en se félicitant de la promulgation de cette disposition qu’il veut faussement interpréter comme «un soutien du Congrès à l’initiative marocaine d’autonomie», en occultant la position officielle de l’administration américaine sur ce dossier, réitérée en fin 2016 sur la nécessité de déterminer le statut final du Sahara Occidental ainsi que celle du département d’Etat sur les conditions de l’utilisation de cette aide. Dans sa dernière liste des dépendances et territoires à souveraineté spéciale, actualisée fin 2016, le département d’Etat a affirmé qu’il ne reconnaissait «aucune puissance administrante» dans les territoires sahraouis occupés. «Le Maroc continue de distiller des contrevérités flagrantes sur cette disposition du budget fédéral américain», a-t-on souligné de même source.
Par ailleurs, une disposition contenue dans le projet de cette loi, relative à la coopération de l’Algérie sur le recensement des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, a été supprimée au niveau du Sénat, selon la même source. Cette disposition intégrée dans le projet de loi sur inspiration du lobby marocain au sein de la Chambre des représentants a été soutenue particulièrement par les deux Congressmen de Floride, Mario Diaz Balart et Lena Ross Lehtinen qui a annoncé, la semaine dernière, sa décision de ne plus se présenter pour un autre mandat après avoir servi au Congrès depuis 1989.
La disposition qui propose au secrétaire d’Etat et à la représentante permanente des Etats-Unis auprès de l’ONU de mettre de la pression sur l’Algérie (pays observateur dans le conflit du Sahara Occidental) pour qu’elle coopère dans l’organisation d’un recensement des réfugiés sahraouis à Tindouf a été rejetée et supprimée du projet final par la commission de réconciliation du Congrès qui regroupe des membres des deux chambres du Sénat américain.
R. I.
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