Pourquoi le président Bouteflika ne se passera pas du très actif Abdelmalek Sellal
Rien dans les législatives du 4 mai dernier, depuis la campagne électorale jusqu’aux résultats, ne plaide pour un remplacement du Premier ministre. Tout indique, en effet, que le président Bouteflika renouvellera la confiance qu’il a placée en Abdelmalek Sellal. A vrai dire, les Algériens, qui ont été très nombreux à bouder l’urne ou à y glisser un bulletin nul, ont esquissé, à travers leur attitude réfractaire vis-à-vis de ce rendez-vous électoral raté, les contours du prochain gouvernement. Si tous les indices convergent vers une admission toute symbolique au sein du nouvel Exécutif d’un nombre très limité de ministres issus des nouvelles formations «agglomérées» au pouvoir pour réduire l’action de l’opposition à néant au Parlement – PT, RCD et FFS –, à savoir le MPA d’Amara Benyounès et TAJ d’Amar Ghoul, il est clair que la présence du FLN et du RND au gouvernement sera tout aussi formelle. Pour au moins deux raisons.
D’abord, le FLN et le RND ne jouissent pas d’une légitimité suffisante qui leur permette d’exiger – comme le faisait le prédécesseur de Djamel Ould-Abbès – un nombre précis de portefeuilles ou de ministères plus que d’autres – tels que les ministères de souveraineté. Le FLN, première force politique à l’APN, ne représente qu’un peu plus de 7% de l’ensemble des électeurs et sa représentativité est, à ce titre, quasi nulle. Il en est de même pour le RND et pour les islamistes qui ne doivent leur survie qu’aux alliances de circonstance.
Les trois premières formations – ou groupes de formations – qui dominent l’Assemblée obtiendront, de toute évidence, des ministères, mais sous la conduite d’Abdelmalek Sellal qui se place au-dessus des considérations partisanes. C’est pour cela que le président de la République lui renouvellera tout naturellement sa confiance pour maintenir le cap du programme tracé jusqu’à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2019 – sauf imprévu.
Les efforts gigantesques déployés par le gouvernement depuis la chute des prix du baril commencent à porter leurs fruits et il serait suicidaire de remettre tout un programme en cause pour une question d’équilibres politiques. Cette approche a montré ses limites lors des premiers mandats de Bouteflika dont le rôle fut de veiller à assurer une certaine cohésion politique au sommet de l’Etat dans le contexte très fragile de l’époque, c’est-à-dire au sortir de dix années de terrorisme.
Ensuite, quelle que puisse être la composition du gouvernement, ce dernier aura pour mission d’appliquer le programme du chef de l’Etat. Les ministres ayant pour unique mission d’exécuter les directives du président de la République sous la férule du Premier ministre qui veille au respect des instructions venant d’en haut. Aussi, Bouteflika n’aura aucun intérêt à désigner un nouveau chef de l’Exécutif, dès lors qu’Abdelmalek Sellal semble remplir sa mission en vouant une fidélité sans faille au président de la République dont il est l’incarnation sur le terrain.
Abdelmalek Sellal aura arpenté le territoire national au moins autant de fois que le Président lui-même durant ses deux premiers mandats et il continue de multiplier les visites sur le terrain à travers les quarante-huit wilayas, sans compter les nombreux chantiers qu’il suit de près, en partenariat avec les partenaires sociaux et économiques.
Pour toutes ces raisons, Abdelmalek Sellal, qui jouit de la confiance du Président et qui a réussi, dans une large mesure, à pallier l’absence de ce dernier sur le terrain, sera reconduit dans ses fonctions avec l’assentiment de l’ensemble de la classe politique qui n’y verra pas un «adversaire», mais un Premier ministre consensuel.
Karim Bouali
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