L’énigmatique visite du chef d’état-major de l’armée égyptienne à Benghazi
Le chef d’état-major de l’armée égyptienne, le général de corps d’armée Mahmoud Hijazi, s’est rendu ce mercredi matin dans la ville libyenne de Benghazi. Cette visite inhabituelle intervient au lendemain de la célébration par le gouvernement de Tobrouk du troisième anniversaire du lancement par l’armée nationale libyenne (ANL) de l’opération Dignité. Le général de corps d’armée Mahmoud Hijazi a été reçu par le chef d’état-major de l’armée libyenne, le général Abdul-Razzaq Al-Nazawra. L’agence de presse libyenne qui rapporte l’information, indique que les autorités qui contrôlent l’est de la Libye ont entretenu un black-out total autour de cette visite.
Des sources proches des milices de Misrata croient, néanmoins, savoir que le chef de l’état-major de l’armée égyptienne s’est rendu en Libye pour faire le point avec le maréchal Khalifa Haftar sur les besoins en armes de l’ANL. Il est de notoriété publique que le gouvernement égyptien soutient militairement les autorités de l’Est libyen et le maréchal Khalifa Haftar qu’il encourage à prendre le pouvoir. Le Caire compte visiblement apporter l’aide militaire suffisante à son protégé de telle manière à lui permettre de tenir face à ses adversaires qui menacent de le déloger de Benghazi.
Cette visite intervient, d’ailleurs, aussi dans un contexte de grande tension à Tripoli. Les milices qui se sont rangées sous l’étendard de Fajr Libya ont menacé d’envahir à nouveau la capitale libyenne si Fayez Al-Sarraj, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale (GNA), continuait à traiter avec Khalifa Haftar. Ces menaces répétées ont empêché une nouvelle rencontre entre les deux responsables ces derniers jours au Caire. Cette rencontre devait concrétiser l’accord conclu entre les deux belligérants le 2 mai à Abou Dhabi, concernant la révision de l’accord politique interlibyen.
Fayez Al-Sarraj n’a, en effet, pas pu quitter Tripoli. Les islamistes l’ont menacé de le chasser lui et son gouvernement en cas d’une nouvelle réunion. Le Premier ministre libyen est également lâché par l’armée libyenne de l’Ouest, pourtant en faveur de la réunification de l’armée. Selon certaines sources, des officiers ont refusé aussi l’autorité de Khalifa Haftar qui a été annoncé comme futur chef de l’armée libyenne unifiée.
Depuis le 2 mai, date de la première rencontre entre les deux protagonistes de la crise libyenne aux Emirats arabes unies, les miliciens islamistes multiplient les protestations sur le terrain. Leur colère s’est aggravée suite aux déclarations du ministre libyen des Affaires étrangères, Mohammed Taher Siyala, considérant Khalifa Haftar comme le chef légal de l’armée. Ils ont occupé le ministère des Affaires étrangères et accroché sur ses murs des posters de Khalifa Haftar entaché de sang, le qualifiant de «criminel de guerre».
Sadek Sahraoui
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