Paris lâche Al-Sarraj et se tourne vers Haftar
La France s’apprêterait à revoir ses plans en Libye. Il y a une forte possibilité, en effet, pour que le président Macron réétudie notamment la position de son pays à l’égard des différents belligérants libyens. Selon l’agence de presse Reuter, le gouvernement français pense particulièrement à accorder un soutien plus franc au commandant en chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), le maréchal Khalifa Haftar.
Sous la présidence de François Hollande, le gouvernement français s’était officiellement rangé du côté du Gouvernement de réconciliation nationale (GNA), dirigé par Fayez Al-Sarraj. Cela n’avait toutefois pas empêché le ministère français de la Défense, alors dirigé par Jean-Yves Le Drian, et la DGSE de coopérer étroitement avec le commandement de l’Armée nationale libyenne. Il est possible que la nouvelle politique libyenne de la France ait été soufflée à l’oreille d’Emmanuel Macron par le même Jean-Yves Le Drian qui a hérité du poste de ministre des Affaires étrangères. Les contours de la nouvelle feuille de route de la France en Libye devraient être définis dans les tout prochains jours.
A noter que le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a, au cours d’une conférence de presse donnée cette semaine, mis en relief l’importance du rôle de Khalifa Haftar dans la mise en place d’une armée nationale libyenne unifiée. Tous les observateurs ont relevé qu’il n’a pas prononcé une seule fois le nom de Fayez Al-Sarraj, le Premier ministre libyen. Le maréchal Khalifa Haftar est déjà soutenu militairement par l’Egypte, les Emirats arabes unis et à un degré moindre la Russie. Les gouvernements rivaux de Tripoli et de Tobrouk ont signé un accord politique en décembre 2015. Cet accord n’a cependant pas été pleinement appliqué en raison de l’apparition de divergences de vues entre les deux parties.
Ces divergences ont évolué depuis janvier dernier en affrontements armés sur le terrain. Actuellement, les combats entre les deux belligérants font rage dans le sud du pays. De nombreuses sources rapportent qu’au moins 60 personnes ont été tuées jeudi dans des affrontements entre l’ANL et des milices rivales soutenant le GNA près de la base aérienne de Brak Al-Chati, contrôlée par les troupes du maréchal Khalifa Haftar. Au cours des derniers jours, la tension s’est déplacée dans le Sud libyen, où la base de Tamanhent, située près de la ville de Sabha (600 km au sud de Tripoli), est également l’objet de rivalités entre les combattants des deux bords. Pour le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle déjà toute la partie est du pays, l’enjeu est d’étendre son emprise également sur le sud de la Libye.
Sadek Sahraoui
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