Une situation inédite dans le football
Par Kamel Moulfi – Nos concitoyens qui se réfugient dans l’actualité sportive, et dans le sport-roi, le football, pour fuir la politique, doivent être bien ennuyés en ce moment. Les deux compétitions principales – le championnat et la coupe – ressemblent à un champ de bataille occupé par des partis. Comme dans des élections politiques, la menace du boycott – qui vient d’un club de premier plan, l’Entente de Sétif – plane sur les dernières épreuves. La saison sportive risque de se terminer dans le désordre. Les matches vont se dérouler et se terminer en plein Ramadan estival ou autour de la fête de l’Aïd, mise à profit habituellement pour une trêve par tout le monde, y compris les boulangers, qui désertent leurs fours.
L’actualité footballistique nationale prend également des allures de front syndical. Le mot grève, familier aux salariés, de l’industrie jusqu’à la Fonction publique, résonne maintenant dans les vestiaires des joueurs de foot, à l’exemple de ce qui se passe chez l’USM Bel-Abbès (voir article AP). Comme dans les syndicats classiques, les revendications sont salariales. On a beaucoup parlé des montants faramineux que reçoivent en fin de mois les footballeurs en Algérie, mais on apprend aussi que ces salaires ne sont pas forcément payés, en tout cas pas dans les délais inclus dans les contrats.
Autre «ingrédient politique» dans le foot algérien : l’ingérence étrangère (voir article AP, sports, du 2 mai 2017). Même si la FAF ne ferme pas les yeux sur les dépassements, sa réaction frise la complaisance et a tendance à entretenir l’impunité. Mais la Fifa veille au grain et ses sanctions peuvent détruire un club, indépendamment des considérations politiques algéro-algériennes qui interfèrent à outrance, depuis quelques années, sur le fonctionnement du monde du football.
Comment va se terminer la saison ? Le boycott par un club des phases finales de la coupe est une situation inédite en Algérie. Les responsables ne cessent de botter en touche, de report en report, pour, comme dans d’autres domaines, éviter d’aborder les vrais problèmes. Jusqu’à quand ?
K. M.
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