Le chef du gouvernement tunisien déclare la guerre à la pègre : l’exemple à suivre
Pressé par les graves événements qui secouent la Tunisie depuis plusieurs semaines, le gouvernement de Youssef Chahed a lancé depuis deux jours une vaste opération contre les barons de la corruption, accusés d’avoir provoqué la faillite économique du pays et d’être, par ricochet, à l’origine de l’explosion sociale qui menace aujourd’hui tous de torpiller les acquis de la jeune démocratie tunisienne.
Selon la presse tunisienne, les autorités du pays ont procédé à l’arrestation de plusieurs «hommes d’affaires» soupçonnés de corruption et de contrebande, et qui comptaient parmi les personnalités «intouchables», indiquant aussi que l’opération est appelée à se poursuivre dans les prochains jours et devrait cibler d’autres «gros bonnets» de l’économie informelle.
Justifiant cette campagne, décrite par certains opposants comme une véritable opération de «chasse à l’homme», le gouvernement s’arc-boute sur la loi relative à l’état d’urgence et les possibilités qu’elle offre à l’Exécutif pour mener des opérations de «défense de la sécurité de l’Etat». La presse cite des noms connus dans le milieu des affaires, à l’image d’Ali Ghedamsi qui avait la mainmise sur le port de Sfax et passe pour être le baron de la contrebande et de la corruption sur les quais du port, du surnommé «Ouachouacha», roi de la contrebande dans la très sensible région de Ben Guerdane. On trouve aussi Slim Zarrouk, beau-frère de l’ex-président Zine El-Abidine Ben Ali, Slimane Ourak, ancien directeur général des Douanes et ancien ministre du Commerce et l’homme d’affaires Khereddine Meddeb. Il y a également parmi les personnes arrêtées des députés de l’actuelle Assemblée.
Par ces mesures spectaculaires, le pourvoir tunisien cherche à tout prix à calmer la rue qui gronde, notamment dans la région frontalière de Tataouine, où la population a déclenché un véritable mouvement de désobéissance et menace d’occuper des sites pétrolier et gaziers. Sur ordre du président, Béji Caïd Essebsi, l’armée s’est mobilisée pour protéger ces sites de production et ramener le calme, mais la situation s’est envenimée après la mort «accidentelle» d’un manifestant sur les lieux de la protestation, ce qui a fait craindre une déflagration pareille à celle qui a fini par emporter l’ancien régime.
Réagissant aux mesures prises par le gouvernement contre les grands noms de la pègre, des associations ont appelé à des manifestations de soutien à l’action des pouvoirs publics, mardi prochain, sous le slogan : «La Tunisie nous appartient !»
A travers ces mesures conçues à des fins politiques urgentes, mais qui restent courageuses, le gouvernement tunisien donne un exemple dans la lutte contre la corruption pour les pays du voisinage qui sont gangrénés, autant que la Tunisie, par ce fléau qui freine l’essor de leur économie et ruine tous les efforts de redressement engagées dans la difficulté. Des mesures qui peuvent faire donner des idées au gouvernement algérien qui, lors de son investiture, a promis d’intensifier la lutte contre toute forme de corruption et de faire du redressement économique sa priorité.
R. Mahmoudi
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