Les partis ignorés dans le nouveau gouvernement : Bouteflika a «dissous» l’APN
L’absence de représentants des partis politiques, y compris le FLN et le RND, dans la composition du nouveau gouvernement est reçue comme une gifle cinglante à l’égard de l’ensemble de la classe politique et un désaveu sans appel des dernières élections législatives, entachées de graves irrégularités, mais, surtout, d’une désaffection populaire inquiétante.
Il reste à savoir si le recours à des technocrates pour la majeure partie des départements, habituellement confiés aux différents partis loyalistes, a été décidé en dernier ressort, après l’échec des négociations pilotées par l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avec les formations politiques et poursuivies jusqu’à ces derniers jours, ou un choix murement réfléchi depuis l’annonce des résultats des législatives du 4 mai. Ce qui apparaît clair aujourd’hui, c’est que le président de la République, sans aller jusqu’à dissoudre la nouvelle Assemblée issue de ces élections, comme cela a été le vœu de nombre d’acteurs et d’observateurs politiques, aura trouvé la parade pour surmonter ce discrédit qui touche indirectement son image et son programme portés par les partis majoritaires.
Ce qui accrédite la thèse, selon laquelle ce choix d’un Exécutif technocratique a été décidé comme ultime recours, voire comme une planche de secours, c’est le fait que le principal parti islamiste, le MSP, a été officiellement sollicité, et au nom du chef de l’Etat, pour faire partie du nouveau gouvernement. Il est évident que si ce parti avait accepté d’y prendre part, l’actuel gouvernement aurait eu une configuration radicalement différente.
Grands perdants dans les changements actuels, le FLN et le RND se contenteront d’user de leur pouvoir législatif pour continuer à peser sur la vie politique, avec une marge de manœuvre qu’ils savent très étroite, et de s’engluer dans la gestion de carrières militantes et d’une situation organique de plus en plus précaire. On est loin de l’époque où l’ex-secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, réclamait à tue-tête la paternité du gouvernement au nom de la majorité parlementaire.
Il faut attendre les prochains débats à l’hémicycle pour savoir si les députés des deux partis dits de gouvernement vont se montrer, comme d’habitude, conciliants avec l’actuel Exécutif ou, au contraire, vont jouer leur vrai rôle de contre-pouvoir.
R. Mahmoudi
Comment (13)