Amnesty International concernant les réfugiés syriens : «Les Marocains mentent»
L’organisation de défense des droits humains Amnesty International (AI) estime dans un communiqué rendu public aujourd’hui que «les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales en matière de protection des réfugiés en bloquant un groupe de 25 réfugiés syriens dans une zone désertique (…) et en les privant de la possibilité de demander l’asile et de recevoir une aide humanitaire d’urgence».
Amnesty mentionne que «ces Syriens, parmi lesquels figurent dix enfants, sont bloqués depuis deux mois dans une zone tampon située sur le territoire marocain, à un kilomètre de l’oasis de Figuig, au Maroc, et à cinq kilomètres de Beni Ounif, en Algérie». L’ONG britannique regrette que «la police des frontières marocaine n’a pour l’instant autorisé aucun groupe marocain de défense des droits humains ni aucune organisation humanitaire, y compris le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à se rendre sur place». A signaler que l’Algérie a accepté d’accueillir ces réfugiés. Mais jusqu’à présent, le Maroc refuse de les laisser partir.
«En refusant aux réfugiés syriens la possibilité d’entrer en contact avec le HCR, les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales. Ces personnes ont fui des massacres et des bombardements en Syrie et sont venues chercher la sécurité dans un autre pays ; les autorités marocaines doivent leur accorder le droit de demander l’asile», a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
AI rappelle dans son communiqué que «dans une déclaration en date du 30 mai 2017, le HCR s’est dit profondément préoccupé par la détérioration rapide des conditions pour ce groupe de réfugiés syriens vulnérables», appelant les gouvernements marocain et algérien à leur permettre de passer la frontière en toute sécurité. Le gouvernement marocain a jusqu’à présent soutenu que ces réfugiés ne se trouvaient pas sur son territoire. Amnesty International a examiné les données cartographiques et les images satellites publiquement disponibles, et a confirmé à partir des données GPS qu’ils se trouvaient bien en territoire marocain. En clair, AI accuse clairement les autorités marocaines de mensonge.
S’agissant de l’état de santé de ces réfugiés, Amnesty International indique que «deux des Syriens bloqués souffrent d’hypertension et un autre d’une maladie rénale, mais que les autorités marocaines ne leur ont offert aucun soin et ne leur ont pas permis de rencontrer les médecins qui accompagnaient les organisations marocaines de défense des droits humains qui ont tenté de se rendre sur place». «Les réfugiés dorment dans des abris de fortune qui ne les protègent guère des insolations dans une région où les températures peuvent atteindre 45 degrés, ni de la menace des attaques de serpents», ajoute l’ONG de défense des droits de l’Homme.
«Au lieu de renvoyer de force les réfugiés syriens dans une zone tampon aride et désertique, où leurs conditions de vie se dégradent, les autorités marocaines doivent de toute urgence leur apporter une aide humanitaire et autoriser les organisations humanitaires à se rendre sur place pour évaluer leurs besoins. Rien ne saurait justifier que l’on prive des réfugiés de l’accès à la nourriture et à l’eau», a déclaré Heba Morayef.
«Les autorités marocaines ne doivent pas mettre en danger la vie des réfugiés en les laissant piégés à la frontière dans des conditions difficiles et sans aide humanitaire. Elles doivent immédiatement leur permettre d’entrer dans le pays et d’exercer leur droit de demander l’asile auprès du bureau compétent du HCR au Maroc», a ajouté Amnesty International.
Sadek Sahraoui
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