Le volet social est toujours là
Les «acquis sociaux», comme on les appelait autrefois, résisteront-ils à la crise ? Le plan d’action du gouvernement adopté en Conseil des ministres, hier, est pourvu de son volet social conjugué à l’aide de verbes – «préserver», «promouvoir», «renforcer» et «poursuivre – qui indiquent la volonté de maintenir une tradition solidement établie dans la gestion du pays, à contre-courant des appels subtils et insidieux qui incitent à laisser tomber le «peuple» considéré comme un objet d’instrumentalisation politique démagogique. L’Etat continuera de veiller sur le système national de Sécurité sociale et de retraite ainsi que sur l’emploi ; il continuera également de s’occuper de la solidarité nationale et de la prise en charge des catégories sociales aux besoins spécifiques. Il n’y aura pas de retour à la politique de la jungle fondée sur la loi du plus fort («tag ’âla man tag») qui nous a menés à la catastrophe.
Dans la région, plus personne n’accepte d’être laissé-pour-compte. C’est la leçon de ce qui se passe dans les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, où les populations de régions marginalisées exigent par des manifestations violentes, d’avoir leur part du revenu national, mal redistribué par les gouvernants selon une répartition qu’elles jugent inégale et injuste. Pour autant, ce n’est pas l’aumône que ces populations réclament, mais elles veulent que l’on regarde vers elles à travers des programmes de développement local et des mécanismes de solidarité qui leur permettent d’être insérées dignement dans la société.
Jusqu’à quand l’Etat va-t-il mettre une partie de son budget dans le «social» ? C’est, chez nous, la question que posent ceux qui, réglés comme un métronome, ne cessent de prédire que le pays «va droit au mur», ignorant que c’est, au contraire, avec cette politique sociale que l’Algérie a pu éviter le mur vers lequel se dirigent nos voisins. A bout d’argument, ils lancent alors sous forme de jugement sans appel : de toutes les façons, il n’y a plus d’argent ! Comme si la première conséquence d’une telle situation devrait être fatalement d’oublier la masse des plus défavorisés, au risque de déstabiliser le pays et compromettre le bien-être de tous.
Kamel Moulfi
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