L’historien Philippe Buc : «La violence est enracinée dans les idéaux du christianisme»
Dans Guerre sainte, martyre et terreur(*), le médiéviste Philippe Buc développe l’idée, implicite dans le titre de son livre, que, sous des apparences politiques, l’origine de la violence qui frappe le monde se trouve dans une religion qui est non pas l’islam, comme on veut nous le faire croire, mais bel et bien le christianisme. C’est en cherchant à comprendre, écrit-il dans l’avant-propos, «la marche vers la deuxième guerre en Irak qui se profilait déjà» que Philippe Buc a commencé à écrire son livre en 2001-2002 (il y a une quinzaine d’années).
Philippe Buc répond à la question de savoir «en quoi, des traits spécifiques au christianisme occidental (transférés au fil du temps dans les cultures occidentales post-chrétiennes) pouvaient-ils expliquer la violence de masse en Occident» ? Il passe au crible de son analyse la mentalité guerrière aux Etats-Unis qui puise les justifications à la violence exercée à l’égard d’autres pays dans des concepts, en apparence nobles, comme la liberté, la démocratie ou la paix dans le monde.
Philippe Buc révèle qu’au fond cette idéologie du bellicisme, qui est une constante aux Etats-Unis, prend son inspiration dans l’Ecriture sainte. Pour Buc, ce sont les valeurs chrétiennes de sacrifice, de pureté et de rédemption qui ont été perverties pour justifier, de tout temps, la violence, y compris dans la période contemporaine marquée par des guerres d’agression sous le couvert de la légitimité internationale donnée par les Nations unies.
Après avoir enseigné à Stanford, l’historien Philippe Buc est professeur à l’université de Vienne (Autriche). C’est un spécialiste reconnu de la chrétienté médiévale.
Houari A.
(*) Guerre sainte, martyre et terreur. Les formes chrétiennes de la violence en Occident (Holy War, Martyrdom, and Terror. Christianity, Violence, and the West), de Philippe Buc, traduit de l’anglais par Jacques Dalarun, Gallimard, «Bibliothèque des Histoires».
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