Le président Bouteflika retire sa plainte contre le journal français Le Monde
Le président Abdelaziz Bouteflika a retiré sa plainte pour diffamation contre le journal français Le Monde, a rapporté l’agence officielle APS, citant ses avocats Chems-Eddine Hafiz et Basile Ader. Le retrait de la plainte a eu lieu à l’ouverture de l’audience, prévue aujourd’hui au tribunal correctionnel de Paris. Les avocats du chef de l’Etat ont déclaré lors de ce procès, qui n’a finalement pas eu lieu, que «le dossier était bien ficelé et le procès était gagné d’avance par le plaignant». Pour eux, il s’agit d’«un geste fort du président de la République en direction de la presse, particulièrement pour Le Monde». Un geste d’apaisement avec la presse française aussi.
La plainte était motivée par la une du journal publié le 5 avril 2016 sous le titre «Panama Papers, l’argent caché des chefs d’Etat». Le tribunal correctionnel de Paris avait tenu une première séance le 3 juin 2016. Le président Bouteflika, représenté par ses avocats, s’estimait diffamé par l’association de sa photo à celles de chefs d’Etat cités dans ce scandale international. Il réclama, au titre de l’action publique, une condamnation du directeur du Monde à un euro symbolique pour diffamation ainsi qu’une publication judiciaire en première page du journal. Il a demandé également le versement de 10 000 euros au titre de l’action civile.
Selon la plainte, «il est directement imputé au requérant d’être détenteur de comptes personnels au Panama, à travers des sociétés écrans, qualifiés par le journal lui-même d’argent caché, c’est-à-dire nécessairement constitutifs de fraude fiscale». Le journal Le Monde, faut-il le rappeler, avait apporté des précisions sur sa une, vivement contestée par Alger. «Contrairement à ce que la photo en une du Monde du 5 avril a pu laisser croire, le nom du président algérien Abdelaziz Bouteflika n’apparaît pas dans les Panama Papers», avait précisé la rédaction de ce journal, dont le directeur du journal avait appelé l’ambassadeur d’Algérie en France pour s’excuser. Mais cela n’a pas suffi pour dissuader le président Bouteflika de recourir à la justice pour exiger réparation. Cela avant de se raviser en retirant sa plainte à la dernière minute.
Hani Abdi
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