Joseph Blatter accuse Sarkozy d’avoir magouillé pour offrir le Mondial au Qatar
Revanchard, Joseph Blatter, ancien président de la Fédération internationale de football (Fifa) accuse Sarkozy d’être derrière la combine qui a permis au Qatar d’obtenir l’organisation du Mondial-2022. Tout s’est joué, rappelle-t-il, le 23 novembre 2010 au cours d’un déjeuner à l’Elysée regroupant Nicolas Sarkozy (alors président français en exercice), Tamim Ben Hamad Al-Thani – actuel Emir du Qatar, qui était prince héritier au moment des faits – et Michel Platini, qui présidait l’Union européenne de football (UEFA). Sarkozy a actionné Platini en lui demandant de voter pour les intérêts français, c’est-à-dire en faveur du Qatar. Moins d’un mois après, lors du vote d’attribution du Mondial-2022 organisé le 2 décembre 2010, Platini s’est exécuté et a changé son vote en faveur de l’Emirat qui l’a ainsi remporté par 14 voix contre 8. C’est Blatter qui rapporte tout cela à un journaliste anglais dans un livre qu’il lui a consacré.
La déclaration de Blatter accusant Sarkozy d’être à l’origine du vote de Platini en faveur du Qatar, donne aux Français le droit de demander des comptes à leur ancien président sur les circonstances qui l’ont amené à impliquer la France, au plus haut niveau, dans l’attribution de l’organisation du Mondial-2022. On sait que la justice française à travers le Parquet national financier (PNF), en charge de la grande délinquance financière, a commencé à effectuer, il y a une année, des vérifications sur l’affaire du Mondial-2022 justifiées par le fait que des ressortissants français y sont mêlés. Il s’agit, selon les médias français, d’une enquête préliminaire pour «corruption privée», «association de malfaiteurs», «trafic d’influence et recel de trafic d’influence».
Si le rôle de Platini est considéré comme essentiel dans cette affaire, l’enquête pourrait ne pas se concentrer uniquement sur lui dans la mesure où le nom de Sarkozy est cité par Blatter, qui le désigne comme étant derrière le revirement de Platini et son vote pour le Qatar. Ceci dit, Blatter confirme que la Fifa est une institution corrompue jusqu’à la moelle et on comprend maintenant la campagne américaine contre cet organe synonyme d’immoralité.
La Fifa a ouvert en septembre dernier une enquête à l’encontre de Seep Blatter, Jérôme Valcke et l’Allemand Markus Kattner (ancien directeur financier devenu secrétaire général) soupçonnés de s’être partagé indûment 80 millions de dollars en bonus et augmentation de salaires. L’ancien secrétaire général de la Fifa, le Français Jérôme Valcke, limogé le 14 janvier 2016, a été condamné le 16 février 2016 en première instance par la justice interne de la Fédération à 12 ans de suspension de toute activité liée au football, une peine ensuite réduite en appel à 10 ans. Il avait été relevé de ses fonctions en septembre 2015, après avoir été mis en cause dans une affaire de revente de billets du Mondial-2014.
La corruption au sein de la Fifa est naturellement collée au blanchiment d’argent. Il y a quelques jours, la presse suisse a rapporté qu’un ancien employé des banques Julius Bär et UBS s’est reconnu coupable de blanchiment d’argent lié au versement de pots-de-vin à des hauts cadres de la Fifa.
C’est, sans doute, le Français Platini qui incarne le mieux cette déchéance qui frappe la Fifa. En mars 2016, la justice suisse avait annoncé qu’elle avait perquisitionné le siège de la Fédération française de football (FFF) pour récupérer des documents sur le versement controversé de 1,8 million d’euros effectué par Sepp Blatter à Michel Platini en 2011. Le paiement était censé rémunérer une mission de conseiller technique effectuée dix ans avant, mais sans contrat écrit. Pour cette raison, le 21 décembre 2015, le comité d’éthique de la Fifa a condamné Platini à huit ans de suspension d’activité liée au football. Pour autant, les malversations ont-elles pris fin à la Fifa ? Il est permis d’en douter au vu des gros intérêts en jeu.
Houari Achouri
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