Le style Tebboune
Par R. Mahmoudi – Après un départ quelque peu chaotique, à cause d’une série de scandales et de polémiques ayant entaché la réputation de sa mandature (limogeage de l’éphémère ministre du Tourisme, affaire de l’ex-PDG de Naftal…), le nouveau Premier ministre cherche légitimement à redorer son blason, à donner du tonus à ses décisions. C’est ainsi que, depuis notamment son discours de présentation du plan d’action de son gouvernement devant le Parlement, il enchaîne les petites mesures, qui sont souvent du ressort de ses ministres, mais qui lui font gagner des points. De l’audace et de la pertinence, c’est ce qui manquait toujours à nos gouvernants !
En annonçant, par exemple, une deuxième session du baccalauréat au profit des retardataires, il a pris le risque de mettre dans la gêne la ministre de l’Education, qui avait déjà encaissé assez de coups au sujet de cet examen si «problématique», mais il savait l’écho qu’aura cette petite largesse au sein de la population. Sur sa lancée, il a «ordonné» le lancement immédiat de la construction de nouveaux établissements scolaires en prévision de la prochaine rentrée. Toutes les études confirment que la surcharge des classes en Algérie, et notamment dans l’arrière-pays, est l’une des raisons principales de l’échec scolaire.
Sur la question des réfugiés subsahariens, Tebboune a bien choisi, là encore, le moment pour taper fort. Sa décision de réglementer la présence de ces apatrides livrés à eux-mêmes, et exposés parfois à des dépassements intolérables, est intervenue en plein débat sur la montée du «racisme» chez les Algériens. Il est le premier à avoir osé affronter, politiquement, cet épineux problème que l’ancien gouvernement a essayé de traiter sous l’angle exclusivement sécuritaire. Son style, en somme, promet de secouer le cocotier. Pour peu que les autres suivent.
R. Mahmoudi
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