Le Qatar pourrait supprimer les émissions subversives d’Al-Jazeera
Selon des sources diplomatiques koweïtiennes citées par des médias arabes, une nouvelle initiative a été lancée pour résoudre la crise politique qui secoue la région du Golfe depuis le 5 juin, date à laquelle l’Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, en plus d’un embargo qui ne dit pas son nom contre ce pays.
Doha ayant renouvelé son refus catégorique d’exécuter les treize conditions imposées au Qatar par l’Arabie Saoudite et ses alliés pour mettre fin à cette crise, le Koweït cherche donc à en réduire le nombre et à en atténuer l’ampleur.
La reformulation, en concertation avec les Etats-Unis, de ces conditions amènera le Qatar à supprimer les émissions subversives de sa chaîne de propagande Al-Jazeera et à ne pas s’attaquer à l’Arabie Saoudite, au Bahreïn, aux Emirats arabes unis et à l’Egypte. Les quatre autres conditions sont : l’expulsion par Doha du prédicateur islamiste des Frères musulmans, El Qaradhaoui, et du mouvement palestinien Hamas ; le renvoi des troupes turques qui sont stationnées au Qatar après le déclenchement de la crise ; le contrôle des transferts de fonds vers les groupes armés ; la transmission aux Etats-Unis de tous les renseignements sur les organisations installées au Qatar.
Les mêmes sources indiquent que les Etats-Unis veulent en finir au plus vite avec la crise qatarie pour se consacrer à la Syrie, ajoutant qu’une frappe militaire américaine est en préparation contre l’armée syrienne sous le prétexte de riposter à l’utilisation par celle-ci d’armes chimiques. Mais la plus grande incertitude règne sur l’évolution prochaine du conflit qui oppose le Qatar à ses anciens alliés du Conseil de coopération du Golfe (CCG) après la confirmation par Doha de se plier à leurs injonctions.
On sait que l’ultimatum en 13 conditions lancé contre le Qatar expire aujourd’hui, dimanche 2 juillet. Hier, Doha réaffirmait que cet ultimatum était irrecevable parce qu’il empiète sur sa souveraineté. Mais si le Qatar accepte, il devra se soumettre à un examen annuel de vérification du respect de ces demandes pendant les dix prochaines années. «La liste de demandes est faite pour être rejetée», a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, lors d’une conférence de presse samedi à Rome.
L’atténuation des exigences à l’égard du Qatar, dans le cadre de la médiation koweïtienne, pourrait encourager des forces internes dans ce petit émirat à faire pression sur le groupe régnant à Doha pour le convaincre d’accepter de modifier le concept de sa chaîne de propagande Al-Jazeera en extirpant de son contenu la charge subversive dirigée contre d’autres pays arabes et en premier lieu ses proches voisins qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec lui.
Malgré toutes les précautions prises par les dirigeants qataris en riposte aux sanctions prises le 5 juin, une escalade dans le conflit pourrait être fatale au Qatar, même si l’option militaire est exclue pour le moment par les experts qui suivent attentivement cette affaire depuis son début. C’est au double plan économique et politique que les sanctions se feront sentir à la longue avec la mesure qui est envisagée d’exclure le Qatar du CCG et même de la Ligue arabe. La suppression des émissions subversives de la chaîne Al-Jazeera sera le premier pas vers la normalisation de la situation dans la région du Golfe.
Houari Achouri