Mokri a raison !
Par Kamel Moulfi – Le président du MSP, Abderrezak Mokri, profite de la célébration de la fête du 5 Juillet, symbole de la souveraineté nationale reconquise, pour faire «sa» lecture habituelle de la Déclaration du 1er Novembre 1954. Il pose insidieusement la question de savoir si les objectifs de la Révolution ont été atteints. Il procède à une «analyse» d’un des buts proclamés dans cette Déclaration pour s’en servir comme critère d’évaluation : «La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques». Naturellement, il omet sciemment le deuxième but intimement lié au précédent et avec lequel il n’est visiblement pas d’accord : «Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions».
Que l’Etat algérien soit souverain, démocratique et social, comme le dicte la Déclaration du 1er Novembre, n’intéresse pas le président du MSP, il regarde à la loupe et fouille minutieusement pour chercher quelque déficit dans le respect du «cadre des principes islamiques» qui est évoqué par les rédacteurs de ce texte fondateur de notre Révolution, pour étayer son opinion obstinée, ou plutôt son préjugé tenace, qui consiste à affirmer que l’Etat algérien est défaillant sur cet aspect.
Oui, Mokri a raison ! Les idéaux de Novembre n’ont pas été atteints et ses objectifs ont été déviés à partir du moment où lui et ses semblables ont voulu leur donner un autre sens ! Les rédacteurs de la Déclaration de Novembre appelaient à l’indépendance totale du pays, pas à son annexion à l’empire ottoman ni à son asservissement à la secte égyptienne des Frères musulmans.
En fait, la lecture «religieuse» que fait le président du MSP des «buts de la Révolution» est outrancièrement teintée d’instrumentalisation politique de l’Islam. Ce qui pousse Mokri à produire de telles élucubrations n’est pas le souci de préserver l’identité du peuple algérien qui, du reste, ne se limite pas à la religion – la Constitution le souligne –, mais de lancer des signaux pour satisfaire la base résiduelle du FIS dissous qui demeure l’enjeu illusoire d’une bataille sue se mènent les courants islamistes algériens à chaque fois que se profile une échéance électorale, comme celle des locales d’octobre prochain.
K. M.
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