The Economist : «La révolte du Rif menace tout le Maroc»
L’hebdomadaire britannique The Economist a estimé dans sa dernière édition que la révolte dans le Rif marocain «s’aggrave» et «menace tout le pays». «Le mouvement de protestation qui a secoué le nord du Maroc depuis huit mois persiste et se diversifie», souligne le magazine, qui relève la «répression» et la «violence» des forces des autorités marocaines contre les manifestants.
Pour The Economist, «la réputation de stabilité du Maroc est atteinte». Les manifestants affirment que le gouvernement est «corrompu, inefficace et insultant».
Le mouvement a été déclenché en octobre 2016 lorsqu’un poissonnier, Mouhcine Fikri, a été écrasé par un compacteur à ordures dans un port d’Al-Hoceima quand il essayait de récupérer du poisson confisqué par les autorités. «Pour la population locale, sa mort était un exemple frappant de hogra, d’humiliation et de violence», note The Economist, qui estime que la situation est «similaire au déclenchement des émeutes en Tunisie en 2010».
En décembre 2010, l’immolation par le feu du vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi a donné lieu à un mouvement de protestation en Tunisie. Au Maroc, la mort de Fikri a donné lieu à un mouvement du Rif contre la «corruption et la marginalisation économique» de la région, précise le magazine britannique d’actualités.
Le gouvernement a depuis «aggravé» la situation en arrêtant l’un des dirigeants du mouvement, Nasser Zefzafi, et des dizaines d’autres militants. «D’autres manifestations se sont déclenchées dans d’autres régions du pays en soutien aux manifestants du Rif», relève le même article. The Economist souligne, par ailleurs, que la région du Rif n’a pas bénéficié du même programme de développement que les autres régions du pays. «Le roi est à blâmer, car même avec une forte emprise sur le pouvoir, il prend peu de décisions locales», a écrit le magazine. Il précise que le taux de chômage au Maroc est de près de 11% et plus élevé encore dans les campagnes, que la réforme politique est «bloquée» et que le gouvernement est «incapable de répondre aux préoccupations locales».
R. I.
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