Que veut Ouyahia ?
Le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a-t-il bien calculé son coup avant de lancer sa tirade ou est-ce une énième maladresse de sa part ? Il aurait certainement pu trouver une autre formule pour décrire l’ampleur des fléaux provoqués par le chaos migratoire en Algérie – parce que c’est une vérité – sans avoir à émouvoir l’opinion. Il aurait pu en parler sans la dissocier de l’autre vérité, la plus lourde et la plus lancinante, qui est celle du drame humanitaire que vivent ces milliers d’apatrides qui n’ont jamais choisi leur destin.
Dans le cas où le but d’Ahmed Ouyahia serait de mettre le gouvernement dans la gêne, on se demande si c’est vraiment un sujet sur lequel on peut se permettre de faire de la politique politicienne. Parce qu’on sait que, sur cette question précisément, le Premier ministre s’était déjà engagé, il y a quelques semaines, lors de la présentation de son plan d’action devant les députés à prendre des mesures de régularisation qui permettront aux réfugiés subsahariens, notamment, de s’intégrer dans le monde du travail et susceptible, du coup, de sauvegarder leur dignité humaine. La décision intervenait suite à la polémique suscitée par des critiques de certaines ONG internationales pointant du doigt la montée d’un racisme «anti-africain» (les Algériens sont-ils des Martiens ?) au sein de la société algérienne. De ce point de vue, la pique d’Ahmed est-elle venue conforter les soupçons d’Amnesty International et Cie ?
Dans les deux cas, Ahmed Ouyahia a encore raté sa sortie politique. La dernière en date, avant cette déclaration sur les migrants clandestins, se voulait aussi anticonformiste. C’était, on s’en souvient, sur les ossements des résistants algériens séquestrés à ce jour dans un musée dit de «l’Homme» à Paris. Là encore, il s’est emmêlé les pinceaux, en voulant faire de la politique sur un thème aussi brûlant et aussi sacré.
R. Mahmoudi
Comment (27)