Financement du terrorisme : la Grande-Bretagne couvre l’Arabie Saoudite
Le gouvernement britannique a confirmé qu’il ne divulguera pas les détails de son rapport sur les sources de financement du terrorisme en Grande-Bretagne. Cela a incité l’opposition à accuser Theresa May et son cabinet d’essayer de protéger son allié saoudien. Le rapport en question avait été commandé par l’ancien Premier Ministre David Cameron en novembre 2015 et remis au gouvernement l’an dernier. Des ministres, ajoutent la même source, ont pressé le gouvernement de publier les résultats de ce rapport après les derniers attentats meurtriers perpétrés en Grande-Bretagne et imputés à des islamistes extrémistes.
La ministre de l’Intérieur, Amber Rudd, a expliqué, dans une déclaration écrite au Parlement, les raisons du refus du gouvernement de rendre public dans son intégralité le rapport. Ces raisons se fondent sur les arguments selon lesquels «les renseignements personnels qu’il contient sont importants» et qu’il y va de la… sécurité nationale. Mme Rudd a expliqué que l’enquête a globalement révélé que «les principales sources de financement des organisations extrémistes proviennent de petits dons de particuliers inconnus mais néanmoins résidant en Grande-Bretagne». Seulement, son explication n’a pas convaincu. Le rapport a reconnu cependant que le financement extérieur était une source importante de revenus pour quelques-unes des organisations activant sur le sol britannique. Selon la ministre britannique, «le soutien extérieur permet à des individus d’étudier dans des établissements religieux faisant la promotion du wahhabisme», ajoutant que «certaines personnes sont de ce fait exposées à l’extrémisme».
Selon Reuters, les opposants sont fortement acquis à l’idée que le gouvernement cherche en réalité, en gardant sous le coude ce rapport, à «couvrir» des monarchies arabes du Golfe, en particulier l’Arabie Saoudite. A ce propos, la parlementaire Caroline Lucas, leader du parti des Verts britanniques, a qualifié la déclaration de Mme Rudd d’«inacceptable» et pressé le gouvernement de publier l’intégralité du rapport sur le financement du terrorisme et de l’extrémisme violent. Elle a par ailleurs dénoncé le fait que la déclaration de la ministre de l’Intérieur ne fournit aucune indication sur les pays qui soutiennent l’extrémisme, comme s’il y avait une volonté de protéger quelqu’un.
Le «niet» du gouvernement britannique intervient quelques jours à peine après la publication d’un rapport par la Henry Jackson Society, un think tank conservateur, qui soutient que «l’Arabie Saoudite figure indubitablement en tête de liste des pays coupables de promouvoir l’extrémisme». Ce document a rappelé que Riyad avait investi des millions de dollars depuis les années 1960 pour répandre «son idéologie wahhabite sectaire et intolérante» à travers le monde islamique, y compris dans les communautés musulmanes en Occident. Ce faisant, la pétromonarchie a créé un terrain fertile pour les prêcheurs de la haine et pour la radicalisation des jeunes. Les conclusions de la Henry Jackson Society tombent particulièrement mal pour l’Arabie Saoudite et ses alliés, qui accusent le Qatar de soutenir le terrorisme sunnite et de ménager l’Iran chiite.
Sadek Sahraoui
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