Législatives : Derbal se dit poignardé dans le dos par la mission européenne
Réagissant au rapport de la mission de l’Union européenne sur les élections législatives du 5 mai dernier, le président de la Haute instance de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, a reproché aux membres de ladite mission de ne pas lui avoir envoyé une copie du rapport avant sa diffusion dans les médias, qualifiant cette démarche d’«immorale». La mission européenne a vivement critiqué l’opération électorale en Algérie, en considérant notamment que l’instance présidée par Derbal n’était pas «indépendante».
Dans une déclaration à Al-Jazeera, Abdelwahab Derbal demande aux membres de la mission européenne de «cesser de donner des leçons aux autres», parce que, dit-il, «chaque pays a sa propre expérience, suivant sa culture, sa civilisation et ses traditions». Et d’enchaîner : «Même l’Europe a mis deux siècles pour arriver là où elle est aujourd’hui en matière de pratique démocratique».
Irrité par les critiques contenues dans le rapport, le président de la HIISE estime que «ce que disent les Européens au sujet de la régularité des élections, ils ne l’appliquent même pas dans leurs pays respectifs, preuve en est qu’ils n’associent pas la classe politique dans la surveillance des élections qui se déroulent chez eux», assène-t-il.
De son côté, l’opposition approuve toutes les observations mentionnées dans le rapport de la mission européenne, notamment sur le point relatif à «l’anachronisme» de la loi électorale actuelle qui est, pour elle, «incapable de garantir des élections propres». Dans une déclaration à la même chaîne qatarie, un député islamiste proche de Djaballah juge incongru de maintenir l’actuelle instance de surveillance des élections pour le prochain scrutin, dès lors qu’elle n’est même plus en mesure d’estimer avec exactitude le volume du corps électoral.
Même attitude affichée par l’ancien président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, Boudjemaa Ghechir, jugeant le rapport de la mission de l’Union européenne «réaliste, juste et dénué de toute politisation des élections». Ghechir estime, à cette occasion, que le président de la HIISE a péché par «sa proximité très visible» avec le ministre de l’Intérieur, alors qu’il aurait dû, selon lui, «garder ses distances avec l’Exécutif».
R. Mahmoudi
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