Le Comité Valmy au président Macron : «Arrêtez de suivre les néoconservateurs en Syrie»
Le Comité Valmy pour une Europe des peuples et nations souverains – qui regroupe de nombreux grands intellectuels français – a appelé ce matin le président Emmanuel Macron dans une lettre ouverte, dont nous détenons une copie, à concrétiser l’une de ses promesses de campagne relative à la politique française en Syrie.
Dans sa lettre déjà signée par des dizaines de journalistes, de chercheurs, d’enseignants et d’écrivains, cette organisation se dit attendre que le gouvernement français «réaffirme sa vocation d’indépendance et de respect du droit en matière de politique internationale», qu’il s’oppose aux guerres visant à des «changements de régime», qui sont en réalité des guerres visant la destruction d’Etats souverains qui n’agressent personne, et qu’il refuse de suivre les «diktats» de tous ceux, néoconservateurs ou «humanitaires» autoproclamés, qui mèneraient à des guerres sans fin, illégales au regard du droit international.
Le Comité Valmy se dit espérer également qu’Emmanuel Macron «fonde le prestige de la France sur sa capacité de compréhension et de médiation des conflits, ce qui est dans l’intérêt véritable des Français et des peuples du monde entier». Mais avant, et surtout, les rédacteurs de la lettre ouverte demandent au chef de l’Etat français de prouver sa bonne foi en commençant par «lever les sanctions qui frappent le peuple syrien et de rétablir les relations diplomatiques avec l’Etat syrien». «Cela permettrait au moins de coordonner les actions contre les takfiristes européens recrutés en Syrie et en voie de retour pour commettre des attentats», précisent-ils.
Les membres du Comité Valmy rappellent dans la foulée qu’ils sont «opposés à toute guerre d’ingérence franche comme celle qui a détruit la Libye et déstabilisé l’Afrique sub-sahélienne mais plus encore contre cette forme insidieuse d’agression menée par la France en Syrie à l’insu du peuple français». Aussi mettent-ils en garde Emmanuel Macron «contre la tentation de création de couloirs humanitaires, prétexte toujours invoqué pour établir une installation militaire étrangère dans un pays souverain».
Pour eux, le défi pour le nouveau président français consiste à mette en place «une diplomatie qui se déploierait fermement dans les intérêts conjoints des peuples de la région, martyrisés et décimés, et du peuple français qui n’en a récolté comme effet tangible que des attentats terroristes sur son territoire et l’instauration d’un Etat d’urgence sans cesse reconduit».
Le Comité Valmy estime ainsi qu’en attestant ne pas souhaiter la destruction de l’Etat syrien et vouloir œuvrer pour une sortie politique du conflit excluant le préalable d’une mise hors jeu de l’actuel président de l’Etat syrien, le président Macron fait preuve d’un réalisme qui a été «imposé par l’échec d’une politique d’ingérence illégitime et désastreuse».
A ce propos, il est rappelé que «le peuple syrien avec toutes ses composantes, en particulier une opposition authentique de l’intérieur, certes pas celle d’une poignée d’exilés exhibés à quelques occasions, s’est rangé derrière Bachar Al-Assad pour lutter contre la désintégration de sa nation». «Avec l’aide de pays amis, il est en train de mettre fin à l’existence d’un Etat takfiriste», soutiennent encore les animateurs du Comité Valmy.
Sadek Sahraoui
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