Une conférence de Saïd Sadi à Béjaïa soumise à une autorisation de la wilaya
La direction du Théâtre régional de Béjaïa (TRB) invite le Café littéraire de cette même ville à demander une autorisation auprès des services de la wilaya pour la tenue de sa prochaine soirée littéraire prévue le 17 août prochain. La raison est que l’invité de cette soirée est Saïd Sadi, un homme politique et ancien président du RCD. Bien que la conférence porte sur son livre qui traite de la riche carrière de Chérif Kheddam, une autorisation de la wilaya est exigée.
Les organisateurs expriment leur étonnement alors qu’ils ont déjà eu l’accord de la direction du TRB pour l’organisation de ce café littéraire. «Que faut-il faire devant cette situation ? Accepter cette mesure au motif que Sadi est d’abord un homme politique, comme on nous l’a insinué ? Quand bien même notre invité serait souvent présenté sous cette étiquette, cela ne nous suffit pas pour nous plier à cette mesure. Car, pour nous, même un homme politique doit s’exprimer librement sans qu’il soit autorisé à le faire par les autorités. La liberté d’expression est un droit imprescriptible, inaliénable, et tout citoyen doit jouir de ce droit, quel que soit son statut dans la société», poursuivent-ils.
«Le Café littéraire a décidé de ne pas introduire de demande d’autorisation aux autorités locales car il estime qu’il est temps de revenir au régime déclaratif. Une demande de réservation d’une salle peut amplement suffire pour pouvoir mener ses activités culturelles ou autres. Il est donc impératif que les militants associatifs, les partis, l’élite intellectuelle et l’ensemble des citoyens puissent se mobiliser sans relâche pour imposer ce régime déclaratif pour nous libérer définitivement de ces entraves politico-administratives qui nous privent de nos libertés», ajoutent les organisateurs qui comptent ainsi défier l’autorité de wilaya et rejeter ses injonctions.
«Le Café littéraire élèvera dans les tout prochains jours une forte protestation pour dénoncer ces mesures injustes, contraires à l’esprit de la démocratie et de la liberté d’expression. Nous savons que ce combat sera long, rude mais si une grande bataille pour notre liberté n’est pas engagée, nous en pâtirons encore plus à l’avenir», concluent les organisateurs qui assurent qu’ils ne resteront pas les bras croisés.
La tension risque ainsi de monter dans les prochains jours à Béjaïa. On se souvient des émeutes enregistrées à Aokas suite à l’interdiction d’un café littéraire et la mobilisation citoyenne qui s’en est suivie.
Hani Abdi
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