L’est de l’Arabie Saoudite bascule dans la guerre civile
L’Arabie Saoudite subit de plein fouet les dommages collatéraux de la guerre aveugle qu’elle livre au peuple yéménite depuis 2015. Enlisée jusqu’au cou dans le désert de son voisin, elle assiste, impuissante, depuis peu au débordement du conflit sur son propre territoire où la minorité chiite tente de s’affirmer par les armes.
C’est ainsi que des activistes et des médias saoudiens ont annoncé que plusieurs centaines de personnes ont fui, mardi, une ville à l’est du royaume où les forces armées combattent actuellement des gens présentés comme étant des «rebelles chiites». Les combats se sont intensifiés durant les derniers jours à Aouamia où les autorités tentent depuis le mois de mai dernier de démolir le vieux quartier pour empêcher l’utilisation de ses ruelles étroites par les rebelles armés.
Selon des sources locales, l’armée saoudienne a facilité la sortie de la ville des rebelles ; cependant, ces derniers paraissent déterminés à défendre leurs positions et à tenir tête à l’armée saoudienne. Sept personnes au moins ont trouvé la mort durant les combats, dont deux policiers. Les familles ayant fui la ville ont été hébergées dans un village proche.
D’après le quotidien Al Hayat, l’administration locale a pris en charge des habitants demandant de l’aide pour pouvoir fuir les combats. Des militants ont accusé pour leur part les forces de sécurité d’aggraver la situation et de contraindre des centaines de civils à la fuite en tirant au hasard sur des maisons et des voitures, ce que les autorités saoudiennes démentent. Le secteur concerné, dans la province pétrolifère de Qatif, concentre un grand nombre de membres de la minorité chiite du royaume majoritairement sunnite. «Il est le théâtre de troubles et de violences (…) visant les forces de sécurité depuis les manifestations du Printemps arabe, en 2011», ajoute la même source.
Ce scénario qui se répète depuis des mois confirme que l’est de l’Arabie Saoudite confirme que la monarchie wahhabite a bien basculé dans la guerre civile.
Cet événement intervient à un moment où les Saoudiens dorment chaque soir avec la crainte de recevoir une bombe houthi sur la tête. Depuis qu’un missile balistique tiré par les rebelles chiites du Yémen et intercepté, jeudi 27 juillet au soir, près de La Mecque, c’est la panique en Arabie Saoudite. L’engin avait été intercepté à 69 km au sud de la ville située dans l’ouest de l’Arabie Saoudite, avait indiqué dans un communiqué la coalition. Alors que Riyad avait parlé d’une «tentative désespérée des rebelles chiites houthis de perturber le hadj», les résistants yéménites avaient pour leur part assuré que leur missile avait visé une base aérienne militaire saoudienne d’où partaient les bombardiers de la coalition arabe anti-Yémen.
Sadek Sahraoui
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